Topia
les ateliers du paysage
une association pour agir
C'est où, la Brenne
?
Pays d’Othe, Brenne…
autant de noms mystérieux ! Méconnus et pourtant si proches
de nous, les paysages de ces « pays » sont bien souvent remarquables,
et Topia a aussi pour objectif de les faire découvrir. Ainsi, le
7 avril prochain, nous partons à la découverte du pays d’Othe.
Voici également un
avant goût de la Brenne, où Topia vous emmènera le
week-end du 1er et 2 juin. Mise en valeur par les moines (cf. Les défricheurs
d’éternité, immortalisés par Claude Michelet) au Moyen-Age,
la Brenne est avant tout une belle zone humide. Alors, c’est où,
la Brenne ?
Grâce à un cliché
de J.F. Hellio et N. Van Ingen, photographes naturalistes résidents
en Brenne, je vous propose de découvrir mon paysage comme le font
les oiseaux : vu du ciel. Où sommes-nous ? En Brenne, zone humide
située aux confins du Bassin Parisien et du Massif Central, dans
le département de l’Indre, entre Chateauroux et Poitiers. Difficile
à repérer ? Mais comment donc ont fait les premiers chardonnerets
que je vois, ce matin de mars, pour retrouver leur résidence d’été
?
Ils ont reconnu un paysage
: succession d’étangs, de prairies et de bois, de petits bourgs,
de hameaux, peu de grandes routes, ici où là un petit relief
dit « button ». Le paysage de Brenne est discret, modeste.
Pas de relief triomphant, pas de curiosité naturelle spectaculaire.
Simplement la trace, perceptible aux curieux, des géographies qui
se sont succédées en laissant place à une mosaïque
de milieux et l’alternance infiniment variée des lumières
sur les éléments apparemment immuables qu’elles animent :
l’eau, les arbres, les bouchures, les vastes ciels.
L’eau, c’est aujourd’hui
« mille étangs ». Le plus grand d’entre eux c’est la
« Mer Rouge », que l’on voit en arrière plan sur le
cliché. Il n’en a pas toujours été ainsi. Ces étangs
sont le résultat de l’action de l’homme qui a drainé les
sols détritiques marécageux, qui a séparé la
terre des eaux en construisant des digues, les « chaussées
», et en créant des chapelets d’étangs que l’on vide
à l’automne pour les pêcher. Les sols ainsi drainés
ne sont pas bien riches. Ils sont surtout capricieux, gorgés d’eau
et boueux dès qu’il pleut, desséchés et croûteux
si le soleil et le vent durent un peu. Impropres aux cultures, ils sont
réservés à l’élevage. Ce sont eux qui ouvrent
le paysage, rythmé, là où on ne les a pas arrachées,
par des haies vives que les berrichons appellent « bouchures ».
Les arbres en Brenne sont
dans tous leurs états : grands chênes isolés témoins
d’un autre temps, vieux fruitiers dans les vergers près des hameaux,
touffes chevelues sur les buttons au sol gréseux, petits bosquets
ou vastes forêts qui offrent l’abri au gibier, la matière
d’œuvre au tonnelier et le combustible aux tuileries.
Terre de Brenne. Hameau
du Bouchet © J.F. Hellio, N. Van Ingen, s.d.
Les hameaux - ici celui du
Bouchet au pied de son château - sont construits soit dans le grès
rouge des buttons, soit dans le calcaire du socle jurassique. Jusqu’au
Second Empire, peu de routes. Celles qui sont construites alors, tracent
des lignes droites et engendrent de nouveaux bourgs. Les brennous ont vécu
longtemps isolés, luttant contre la pauvreté et le paludisme.
De cette histoire particulière, la Brenne a hérité
de paysages où tout peut encore se lire, comme un moment d’une longue
histoire, sans cesse renouvelée par la lumière qui le baigne
ou le caprice du chemin parcouru.
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