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Topia les ateliers du paysage 
Lire pour savoir regarder les paysages

Format Paysage
 

Format Paysage est le bulletin d’association de Topia les ateliers du paysage. Tiré à 200 exemplaires, il est envoyé tous les trimestres à nos adhérents. Certains articles de Format Paysage alimentent d’ailleurs, sous une autre forme, les rubriques de ce site.

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Tous les éditos de Format paysage :
  L'éducation au paysage, suite  (Edito n° 25 Automne  2009)
  L'éducation au paysage  (Edito n° 24 Automne  2008)
  Après Grenelle, le déluge ?  (Edito n° 23, Printemps  2008)
  Des Etats-Généraux pour le paysage   (Edito n° 22, Automne-Hiver  2006-2007)
  Notre rapport à l’espace va évoluer...   (Edito n° 21, été 2006)
  Banlieue(s)   (Edito n° 19-20, printemps 2006)
  Les associations au secours du patrimoine !   (Edito n° 18, automne 2005)
  Enseigner le paysage pour enseigner le monde   (Edito n° 17, été 2005)
  Oublier la ville  (Edito n° 16, printemps 2005)
  Quand l’industrie formait le paysage   (Edito n° 15, hiver 2005)
  Action ou veille paysagère ?   (Edito n° 14, automne  2004)
  Montagnes enchantées    (Edito n° 13, été  2004)
  Archives    (Edito n° 12, printemps  2004)
  e-Topia    (Edito n° 11, hiver  2004)
  Cataclysmes    (Edito n° 10, automne 2003)
  Blowin’ in the wind...   (Edito n° 09, été 2003)
  Les lois montagne et littoral attaquées   (Edito n° 08, printemps 2003)
  Qu'est-ce qu'un beau paysage ?   (Edito n° 07, hiver 2003)
  A qui appartient le paysage ?   (Edito n° 06, automne 2002)
  Le paysage, un patrimoine collectif   (Edito n° 05, été 2002)
  Entretenir le paysage   (Edito n° 04, printemps 2002)
  U-Topia...   (Edito n° 03, hiver 2002)
  Peut-on parler du paysage sans parler du regard que nous lui portons ?  (Edito n° 02, automne 2001)
  Le paysage, argument des sociétés d'autoroute...   (Edito n° 01, été 2001)
  Topia ...   (Edito n° 00, printemps  2001)



Edito n° 25, Automne  2009
L'éducation au paysage, suite

      Il y a un an, nous nous inquiétions des projets de réforme des programmes d’histoire-géographie de collège et de la disparition du concept de paysage pour lui-même. Sans surprise, le projet a été confirmé et durant cette année scolaire, les 6èmes n’étudieront plus celui-ci comme entrée privilégiée de compréhension géographique. Nous avons rencontré l’instigatrice de cette réforme, inspectrice pédagogique régionale, qui nous en a expliqué les raisons : le paysage était enseigné trop souvent comme un stéréotype et non comme un système dynamique et complexe. Les élèves n’en retenaient que le décor ou des automatismes généraux, en quelque sorte le cliché plutôt que le point de vue, et avaient une vision faussée de l’espace géographique. Avec le nouveau programme, le paysage ne disparaît pas, mais il faut « entrer » dedans pour mieux le comprendre, à travers la notion de l’habitat (en 6ème). L’intention semble louable et espérons que les enseignants d’histoire-géographie (à 90 % historiens) saisiront l’opportunité pour faire aimer encore davantage la géographie aux élèves. 

     Car, en effet, la liberté de l’enseignant dans ses pratiques, reste un atout fondamental du système éducatif français. Elle permet de mettre en œuvre les programmes selon un rythme personnel et pourquoi pas en interdisciplinarité. Prenons l’exemple du travail que nous avons réalisés, Annelise Tessier, professeur de français, et moi-même, avec une classe de 4ème du collège Rosa Parks, à Gentilly (94). Pendant une année, ces élèves ont été sensibilisés à la ville et à ses représentations grâce à un patient travail de photographie et d’écriture, qui leur a permis de multiplier les regards sur leur environnement urbain. Ils ont appris à reconsidérer des rues et des quartiers qu’ils n’avaient peut-être jamais vraiment vus. Du cliché au point de vue... Leur travail est maintenant édité, sous le titre Hors les murs (aux éditions Créaphis). Topia, qui a participé au projet, en recommande la lecture !

 Pour Topia, l’éducation au paysage se poursuit avec les sorties dans les musées et les séjours « spécial enfants ». À noter également : notre AG de septembre, couplée à une journée de découverte en Beauce.
 

État d’esprit, esprit des lieux… 

Thomas Le Roux, 
co-fondateur de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 25


Edito n° 24, Automne  2008
L'éducation au paysage

     Selon toute vraisemblance, cette année scolaire sera la dernière durant laquelle les collégiens étudieront le concept de paysage pour lui-même. En effet, la réforme des programmes d’histoire-géographie prévoit de supprimer celui-ci en tant qu’entrée privilégiée de compréhension géographique, en classe de 6ème. Certes, rien n’interdira au professeur (et pourrait-il s’en passer, d’ailleurs ?) d’étudier des paysages pour comprendre des enjeux géographiques : la liberté d’enseignement n’est pas remise en cause. En revanche, il est clair que le paysage, appréhendé comme l’un des systèmes explicatifs du monde qui nous entoure, n’a pas paru être suffisamment important pour être conservé. 

    Topia ne peut que le regretter. Disparaît aussi une grande partie de la « géographie régionale » (souvent descriptive) qui dominait jusqu’alors, au profit d’une géographie plus environnementale, notamment à travers la notion de développement durable. L’enseignement de cette problématique devenait urgent et il faut saluer sur ce point la réforme. Malheureusement, le poids de la géographie identitaire se renforce aussi, à travers notamment l’étude du « beau pays qui est le nôtre » et des horaires renforcés en 3ème, faisant disparaître l’étude de la mondialisation. Ce changement, acte politique et moral, déconnecte le futur citoyen des enjeux du monde contemporain au profit d’une vision plus nationale. On mesure bien que ce signe des temps risque d’aboutir à une instrumentalisation des paysages, utilisés comme autant de stéréotypes. 

      Cette réforme donne une raison de plus à Topia de continuer son rôle d’éducation populaire et de renforcer son action auprès des jeunes. Ce numéro rend compte de nos deux derniers séjours spécialement dédiés aux enfants. Leur réussite nous a incités à renouveler cette formule intergénérationnelle cet automne, et à proposer un cycle artistique au musée d’Orsay. À noter également, notre participation à un livre qui paraît prochainement, sur l’environnement urbain de collégiens à Gentilly, intitulé Hors les murs (édition Créaphis). Ce qui ne nous interdit évidemment pas de continuer les programmations plutôt destinées aux adultes, le dernier week-end en Avesnois (21-22 septembre 2008) venant le confirmer !

État d’esprit, esprit des lieux… 

Thomas Le Roux, 
co-fondateur de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 24

Edito n° 23, Printemps-été  2008
Après Grenelle, le déluge ?

     Il y a comme une régression dans la vision que tentent de nous faire partager nos hommes politiques. Alors que la prise de conscience mondiale de la dégradation dramatique de la biosphère aurait dû reléguer le productivisme à ses archaïsmes et imposer une nouvelle gouvernance, c’est au contraire la recherche de l’optimum purement économique qui continue de triompher. 

     Le paradigme économique, sa croissance, ses emplois, sa concurrence commerciale internationale surtout, qui standardise, nivelle et s’aligne sur le moindre coût, voilà bien une vision quantitative de la vie qui soumet l’homme aux paramètres économiques et inverse les inclusions logiques des systèmes. En sortant l’homme de la biosphère et des sphères culturelles et sociales, cette vision est non seulement aliénante, mais elle justifie aussi l’exploitation des ressources naturelles et l’altération rapide de certains paysages, dont l’évolution qualitative est peu compatible avec les rythmes de l’impératif économique. 

      Or, pas de paysage sans environnement. Après les déclarations d’intention du Grenelle de l’environnement de l’automne 2007, les lobbies de l’industrie et de l’équipement ont entrepris de conserver le pouvoir, avec l’aide de nos législateurs, et font de notre printemps 2008 l’hiver du paysage. Afin que l’on ne se méprenne pas, j’insiste : Topia n’est pas contre l’intervention humaine sur les paysages. Son action vise au contraire à montrer et étudier le caractère fortement anthropique de la plupart d’entre eux, sans s’en offusquer par définition et en admirant un grand nombre d’entre eux. Elle vise aussi à démontrer que le paysage est fragile et soumis aux variables de la biosphère, dont le réchauffement climatique lié aux activités humaines n’est pas le moindre.

       Il y a 7 500 ans, lors de la montée du niveau des mers due à la dernière déglaciation, l’ouverture de la Mer Noire et sa montée subite des eaux auraient fondé le mythe du déluge. Nous vivons actuellement une rapide rupture des équilibres climatiques, comme il y a 7 500 ans. Grenelle de l’environnement a-t-on dit ? Pour moi, le nom n’évoque pas les accords de 1968, mais l’explosion d’une poudrerie, aux portes de Paris en 1794, causant le plus grave accident industriel survenu en France, avec un millier de morts. Alors, Grenelle, pour quel symbole ?

État d’esprit, esprit des lieux… 

Thomas Le Roux, 
co-fondateur de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 23


Edito n° 22, Automne-Hiver  2006-2007
Des Etats-Généraux pour le paysage

Il y a six ans, lors de la création de Topia, nous écrivions dans notre charte fondatrice : 
    « Le paysage que nous considérons est le paysage construit par l’homme, façonné par les différentes structures et organisations sociales qui se sont succédé et se sont approprié l'espace. (...). Or, cette connaissance du paysage nous semble soit confisquée par les «experts», soit galvaudée en produits pour décideurs et aménageurs partisans d'une vision finaliste ou utilitariste du paysage, transformant le simple citoyen en usager, en consommateur ou en nostalgique. (...) c’est une meilleure compréhension par les citoyens du paysage, de son passé, de sa genèse, de sa structure, de ce qu'il évoque, en un mot de l'esprit des lieux qui peut permettre d’accompagner son devenir, en lui conservant sa dimension humaine. Quoi de plus intime que le paysage, et pourtant il n'appartient à personne ! Les notions de paysage et d'altérité semblent ainsi indissociables. (...) Travail aussi de conviction : chacun, consciemment ou non, volontairement ou non, est acteur du paysage. Chacun doit donc s'approprier cette dimension paysagère et l'intégrer dans ses choix. Chacun a la responsabilité du paysage de demain. »

      Ce texte est plus que jamais d’actualité ! Comme nous, de nombreuses associations et institutions oeuvrent dans ce sens. En 2006, certaines d’entre elles, alarmées par la dégradation progressive de certains paysages, se sont réunies et ont rédigé un Manifeste pour le Paysage, acte préparatoire d’une mobilisation nationale. Depuis, Topia s’est associée à la démarche, dont un jalon important sera, le 8 février 2007, la réunion des États-Généraux du Paysage, au Conseil économique et social.

 Notre association, qui participe à cet événement et lui consacre entièrement ce numéro de Format Paysage, incite tous ses adhérents et sympathisants à signer le manifeste, en ligne, sur http://www.manifestepourlespaysages.org/contribuer.html .

État d’esprit, esprit des lieux… 

Cédric Crémona, Thomas Le Roux, 
co-fondateurs de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 22

Edito n° 21, été  2006
Notre rapport à l'espace va évoluer

     « Dans 300 mètres, tournez à droite ». A l’avant de ma voiture, sur le petit écran du navigateur GPS (Global Positioning System), une flèche colorée m’indique la route. Simplicité, précision, sécurité, calme à bord, les arguments sont nombreux en plus du gain de temps (itinéraire le plus rapide) ou financier (chemin le plus court). Autre innovation : celle du Mercantour. Désormais, je peux découvrir la faune et la flore de ce parc naturel national des Alpes-Maritimes grâce à un ordinateur de poche, également GPS, pouvant situer avec exactitude ma position et me communiquer des informations au cours de ma balade. Pour partir randonner, plus besoin de carte, de topo-guide… ni même d’accompagnateur ! Enfin, avant de réserver une place de camping, je vérifie sur Internet sa localisation exacte à l’aide d’un atlas numérique. En un clic ou deux, Google Earth ou le Géoportail de l’I.G.N. me permettent de survoler virtuellement telle ou telle parcelle du territoire, grâce aux  images satellites, photos aériennes, et cartes les plus diverses (topographiques, routières, géologiques…). 

       Ces technologies, maintenant disponibles pour le grand public, sont de plus en plus présentes dans notre environnement et feront bientôt partie de notre quotidien. Les exemples de leurs nouvelles applications se multiplient, y compris dans le domaine pédagogique. Quelles en seront les conséquences à long terme, sur notre façon d’appréhender et de nous représenter l’espace ? Cette quasi gratuité de l’information géographique fera-t-elle de nous des citoyens moins désorientés et nous aidera-t-elle à mieux nous situer dans tous les sens du terme ?  Ou bien cette avalanche de nouveaux produits se contente-t-elle de flatter le vieux rêve d’ubiquité des consommateurs que nous sommes et contribuera à nous faire perdre le peu de culture géographique qui nous restait ? 

     Toujours à l’affût de ce qui peut faire évoluer le paysage, Topiane délaissera pas pour autant les supports traditionnels de sa représentation… ne serait-ce que pour leur commodité à les regarder et les lire en groupe !
 

État d’esprit, esprit des lieux… 

Cédric Crémona, Thomas Le Roux, 
co-fondateurs de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 21


Edito n° 19-20, printemps  2006
Banlieue(s)

     Les banlieues ont-elles une identité commune qui leur est propre ? Un lourd passif étymologique leur attribue une caractéristique partagée. Ce « territoire d’une lieue (environ 5 km) autour d’une ville sur lequel s’étendait le ban » est, d’avance, défini négativement comme espace d’exclusion par rapport au centre urbain, qualifié lui de « ville ». De fait, les géographes ont vite théorisé la constitution des espaces périphériques des villes européennes.  La logique de relation au centre est implacable : les territoires de banlieues sont généralement soumis à la domination du pôle central.

     L’extension spatiale des grandes agglomérations rend pourtant plus difficile une vision claire et univoque de ces territoires. Si les banlieues sont aux anciens faubourgs ce que les espaces péri-urbains actuels sont aux banlieues traditionnelles, les modalités de formation en sont différents - question d’époque. Si la marche à pied, puis les transports collectifs permettent de relier les faubourgs et les banlieues au centre ville, il faut maintenant obligatoirement la voiture pour relier la plupart des espaces périurbains. 

      À ces logiques de formation s’associent nécessairement des archétypes paysagers : habitat groupé ou dispersé, rocades autoroutières, zones industrielles et commerciales, etc. Ces archétypes peuvent d’ailleurs contribuer à une certaine forme de banalisation du paysage. Mais aucun espace n’échappe à la standardisation de celui-ci : même les centres-villes, muséifiés ou victimes du phénomène de la « City » de type anglo-saxonne, se ressemblent de plus en plus. 

    Topia vous invite à poursuivre la découverte de la banlieue parisienne. Après une « hibernation » due aux emplois du temps surchargés de son équipe, ce Format Paysage est en partie consacré à Brétigny-sur-Orge, où la dynamique spatiale en œuvre, dans cette banlieue périurbaine, comporte d’importants enjeux citoyens. Par ailleurs, Topia vous propose une promenade urbaine dans deux villes de la proche banlieue (Fontenay-sous-Bois et Nogent-sur-Marne), le 25 juin, guidée par des habitants et membres de l’association. À bientôt !

État d’esprit, esprit des lieux… 

Cédric Crémona, Thomas Le Roux, 
co-fondateurs de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 19-20


Edito n° 18, automne  2005
Les associations au secours du patrimoine !

      Alors que les associations de sauvegarde du patrimoine bâti et paysager n’ont jamais été si nombreuses, du coté du Ministère de la Culture, « le fond semble avoir été touché » (Bourgogne Magazine n°64, 2005)… Pour ne parler que de l’exemple Bourguignon : sur les 11 millions d’euros prévus par le budget de l’État, seuls 7 sont arrivés à la DRAC de Dijon… Curieuse façon d’envisager la décentralisation culturelle décidée par le précédent gouvernement ! Juliette Rollier-Hanselmann, restauratrice de peintures murales à Cluny (71), rencontrée sur un chantier de restauration d’une somptueuse église romane classée, alerte les visiteurs : « Les DRAC sont actuellement en rupture de paiement et les chantiers concernant les Monuments Historiques suspendus ou annulés… »

    Etrange paradoxe ! Malgré l’intérêt qu’il suscite, si l’on en juge chaque année par le succès des Journées qui lui sont consacrées en juin et septembre, par le foisonnement des publications actuelles s’y rapportant, et alors que sur le terrain, manifestations et actions diverses peuvent laisser penser l’inverse, le patrimoine traverse bien une crise profonde dûe au désengagement de l’État qui cherche à restreindre ses interventions et à - trop - rationaliser son action (le patrimoine en mauvais état risque-t-il alors d’être abandonné ?). En Saône-et-Loire, Jean-Pierre Chapelon, vice-président du Conseil Général chargé de la Culture et du Patrimoine, n’est guère plus optimiste même si le département soutient encore les projets labellisés par la Fondation du Patrimoine et les chantiers de restauration Rempart.

    Le patrimoine semble ainsi ne plus constituer qu’un enjeu de second ordre ! On peut penser qu’il s’agit là d’un manquement de l’État à ses responsabilités (vis-à-vis des générations futures notamment). Et si ce dernier paraît déjà négliger les monuments classés, on peut légitimement s’interroger  sur ce qu’il adviendra du petit patrimoine non classé. Et des paysages ! L’alternative semble donc bien passer par les associations de sauvegarde et de valorisation, seules capables de porter de tels projets et d’en justifier l’urgence, par leurs initiatives originales et leur créativité.

État d’esprit, esprit des lieux… 

Cédric Crémona, Thomas Le Roux, 
co-fondateurs de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 18


Edito n° 17, été  2005
Quand l'industrie formait le paysage

     Cinquième rentrée pour Topia, moment propice aux projets éducatifs et pour tirer quelques bilans d’une association qui se veut avant tout pédagogique. Née d’une passion commune pour l’histoire et la géographie, Topia a pour objectif d’appréhender le paysage par la rencontre, la transmission, mais aussi par l’éducation et l’enseignement. Car si chaque paysage peut être appréhendé de plusieurs façons, sa compréhension, comme pour les œuvres d’art,  passe par un minimum de clés de lecture qui vont révéler certains aspects passés inaperçus au premier regard et rendre visible son substrat caché (la géologie par exemple)voire rendre esthétique un paysage à priori rebutant.

     Dans un monde où la spécialisation de plus en plus poussée des formations, métiers et centres d’intérêt fragilise un « socle commun des connaissances » partagé par tous, l’enseignement du paysage s’avère être un enjeu fondamental de la société actuelle. Contre le cloisonnement des modes, genres et relations, une appréhension globale de notre monde est une nécessité. Au croisement de multiples disciplines, tel un cliché à un instant t, le paysage s’offre à nous de façon universelle : géologie, histoire, botanique, urbanisme, architecture, politique, économie, rien de ce qui fait l’homme en société ne lui échappe. 

      Ce numéro spécial « enseigner le paysage » relate quelques expériences pédagogiques d’adhérents de Topia, et on l’espère, en suscitera d’autres. Objectif des programmes institutionnels tout d’abord : dès le CE2, le paysage est une notion que l’élève doit apprendre. Objectif moral ensuite : à l’heure où les exigences officielles baissent, l’étude des paysages permet de rendre la complexité de notre monde, de le décortiquer avec méthode, pour en avoir une appréhension systémique. Obligation hédoniste enfin, car le paysage est tout simplement l’un des thèmes les plus appréciés des élèves. Bonne rentrée, avec nous ! 

État d’esprit, esprit des lieux… 

Cédric Crémona, Thomas Le Roux, 
co-fondateurs de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 17


Edito n° 16, printemps  2005
Oublier la ville

    En France, les paysages ruraux ont longtemps prédominé, mais leur régression est actuellement spectaculaire et préoccupante. L’emprise urbaine continue en effet son inexorable extension, de près de 5 % entre 1990 et 2000 selon un récent rapport de l’Institut Français de l’environnement.

      Cette artificialisation de « la campagne » s’est aussi accompagnée d’une profonde crise d’identité. Ces territoires ne sont plus seulement agricoles, mais accueillent à présent, notamment lorsqu’ils sont situés à proximité des villes, les populations les plus modestes, chassées des centres urbains par l’explosion des prix de l’immobilier. On vient d’une certaine façon s’y « réfugier de la ville ».

      La lecture sur ce point du passionnant Atlas des nouvelles fractures sociales en France (éditions Autrement, 2004) de C. Guilluy et C. Noyé, fait tomber un certain nombre d’idées reçues. Les classes populaires, employés et ouvriers, se trouvent reléguées dans des périphéries sous-équipées, confortant leur rôle strictement résidentiel et renforçant la nécessité de se déplacer... Périphéries de surcroît politiquement aphones (faible taux de syndicalisation, de participation à la vie associative, taux d’abstention élevé...), ces campagnes seraient plus que jamais au bord de la rupture, du fait de la multiplication des conflits relatifs à l’appropriation du foncier ou à son usage, les nouveaux résidents de l’espace rural ayant parfois du mal à en accepter les activités traditionnelles !

      La campagne, si elle conserve cette image figée de « douce France », mêlant le bucolique et la tradition, la simplicité et l’authentique, est à présent convoitée par tous : néo-ruraux en quête de qualité de vie, urbains en mal de résidences secondaires, collectivités, agriculteurs… La revue de Maisons paysannes de France fait régulièrement écho de l’importance de cette consommation de terres ; les prix du foncier n’ont jamais été si hauts - celui des terrains à bâtir a doublé en dix ans. Jamais les processus n’ont été si rapides et les projets si… divergents. Il n’a donc jamais été aussi urgent de s’y investir !

État d’esprit, esprit des lieux… 

Cédric Crémona, Thomas Le Roux, 
co-fondateurs de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 16


Edito n° 15, hiver  2005
Quand l’industrie formait le paysage

   S’il est vrai que l’évolution de l’architecture induit une modification du paysage, cela se vérifie particulièrement pour les formes architecturales industrielles. Les usines, dont le bâti est dépendant des procédés et processus de fabrication, ont historiquement inscrit dans les paysages des formes paysagères bien identifiées (cheminées, toits en sheds, verrières, murs de brique…), allant spatialement du petit atelier du fond de parcelle, à l’ensemble urbain à l’échelle d’un site.

Ces usines, assez facilement datables, sont souvent apparues brutalement, telle une agression dans le paysage, et se modifient parfois radicalement avec le temps, jusqu’au stade ultime de l’abandon et de la destruction. Que faire en effet de ces bâtiments dont les anciennes fonctions sont tombées en désuétude, et les nouvelles inadaptées aux lieux ? Rien ne milite en leur faveur, si ce n’est la valeur culturelle qui s’y rattache, celle de paysages devenus bien communs, de bâtiments devenus patrimoine ou de friches inspirants les artistes. Ainsi, en règle générale, les paysages industriels disparaissent aussi rapidement qu’ils sont apparus, d’autant plus s’ils se trouvent en milieu urbain. 

Ce numéro de Format Paysage interroge le sens de ces disparitions, entre négation de mémoire à l’usine Renault de Boulogne-Billancourt, et souci d’inventaire par le travail des photographes Bernd et Hilda Becher. Il en ressort que le paysage industriel marque le territoire, créant des repères dont la perte peut entraîner un traumatisme social, celui d’une rupture de transmission et de continuité, ces dernières étant pourtant indispensables à tout projet porté par des collectivités. 

Et ce ne sont pas les usines actuelles qui remplaceront avantageusement leurs aînées dans les paysages. Elles sont bien souvent des parallélépipèdes opaques et anodins qui les distinguent mal des centres de tri, lieux de stockage ou autres supermarchés. À croire qu’à l’époque de la désindustrialisation, l’industrie se cache - quand elle existe encore !

État d’esprit, esprit des lieux… 

Cédric Crémona, Thomas Le Roux, 
co-fondateurs de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 15


Edito n° 14, automne  2004
Action ou veille paysagère ? 

   Le 10ème Salon du Patrimoine a eu lieu au Carrousel du Louvre le 6 novembre dernier. À l’invitation de l’association varoise Mémoires à lire, Territoire à l’écoute (Maltae), Topia a participé à la table ronde sur la veille paysagère. Selon cette association, qui défend l’idée d’un pôle d’économie du patrimoine « Paysage de l’entre terre et mer », la veille paysagère doit permettre de développer des capacités productives et « un projet éducatif du citoyen qui utilise la formation par le paysage en proposant des itinéraires culturels ».

     Veiller pour agir pourrait-on dire... Car, en territoire varois comme ailleurs, les acteurs traditionnels (experts, élus, aménageurs…) s’arrogent bien souvent de manière exclusive la responsabilité du paysage, cantonnant les associations à un rôle de simples faire-valoir. Or, qu’il s’agisse de problèmes d’exploitation ou d’abandon des paysages, ce sont bien souvent les associations, par leur « maîtrise d’usage », qui sonnent l’alerte et proposent des valorisations.

     Conçue comme telle, Topia exerce la même veille. À Brétigny-sur-Orge notamment, siège de notre association, des rencontres ont encore eu lieu ces derniers mois (Fête des associations, Journées de la nature et de l’environnement). À chacun de ces moments, il fut manifeste que l’étalement urbain sur les franges de la campagne opérait des ruptures brutales dans la formation du paysage. À ce titre, l’avenir des terrains Clause est exemplaire : ce paysage issu du travail de l’ancien pépiniériste, et son patrimoine semblent voués à une urbanisation fatale – à moins que la mobilisation associative (notamment de la part de l’association ADEMUB) prouve sa pertinence et montre sa force…

     Après ces récentes journées de sensibilisation, Topia vous invite à découvrir et comprendre les paysages de cette banlieue périurbaine, les 29 janvier et 16 avril prochains. Une troisième phase de mobilisation aux côtés de l’ADEMUB, ou dans le cadre d’un comité élargi, n’est (malheureusement) pas à exclure !

État d’esprit, esprit des lieux… 

Cédric Crémona, Thomas Le Roux, 
co-fondateurs de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 14


Edito n° 13, été  2004
Montagnes enchantées 

   Longtemps hostile et repoussante, la montagne a d’abord fait figure, pour l’homme, de symbole d’éternité ou de domaine enchanté des dieux - tels l’Olympe de la Grèce antique ou la survivance de la dénomination populaire de « Grand Paradis », massif du nord de l’Italie. Méconnue, impénétrable et partiellement inexplorée ou simplement sacralisée, la fascination qu’elle a pu exercer n’a d’égale que la crainte et l’effroi qu’elle a suscités.

   Ce n’est finalement que très récemment, à partir du XVIIIe siècle pour les Alpes, que géologues, géographes, naturalistes et autres explorateurs ont entrepris de se lancer à l’assaut des cimes et tenté d’expliquer ces paysages grandioses ou tourmentés.

   Ces pionniers ont désenchanté la montagne ; suivis au siècle suivant par les romantiques, puis par le développement de l’industrie, appelée dans les vallées par l’hydroélectricité et entraînant du même coup, la création d’innombrables ouvrages d’art, comme le percement d’ambitieux tunnels alpins à la fin du XIXe siècle. Ces chantiers colossaux ouvriront la voie, au XXe siècle, à une masse croissante de touristes en quête de bon air ou de prouesses alpines, et rendront accessible un fabuleux espace de jeux, progressivement aménagé, ou des zones au contraire sanctuarisées, préservant une faune et une flore sauvage emblématique. L’image de la montagne et les représentations culturelles auxquelles elle est associée, ont profondément et très vite évolué. La fascination perdure.

   Quelles sont les causes de ces tropismes saisonniers qui, par exemple, font des Alpes les montagnes les plus fréquentées au monde ? Ce ne peut être uniquement la recherche de la fraîcheur, en contraste aux températures caniculaires des régions avoisinantes. Bien que le climat ait son importance : vous serez surpris en plein été, dès 1000 mètres, par une brume automnale, ou par une subite averse neigeuse, quasi hivernale, 1000 mètres plus haut. Et vous profiterez d’une floraison printanière en plein mois de juillet. On passe en un instant de la lumière à l’obscurité. La montagne concentre les saisons et les milieux : s’y côtoient espèces méditerranéennes et conditions polaires…

   Aux aspects bucoliques et rassurants de « la montagne à vaches » s’opposent les vertigineux abîmes et tout un univers du risque (naturel, entre autres, avec ses avalanches, ses coulées de boues, ses glissements de terrain,  inondations ou séismes). S’y entrecroisent en permanence la vie et la mort. L’observateur, écrasé en fond de vallée, portera encore un regard triomphant et dominera depuis les sommets un panorama immense. Lieu de solitude et de retraite (la Grande Chartreuse a donné son nom à tout un massif), la montagne est paradoxalement l’occasion de « vacances conviviales », comme l’attestent les enquêtes et les saluts échangés sur les chemins de randonnée… 

   La montagne, à laquelle ce numéro de 12 pages est entièrement consacré, est ce lieu de contraste, lieu unique qui nous fait passer par ces sentiments multiples, ces impressions fugaces. A ce vieux rêve d’ubiquité d’y être enfin comblé, être partout au même instant… comme par enchantement ! 

État d’esprit, esprit des lieux… 

Cédric Crémona, Thomas Le Roux, 
co-fondateurs de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 13


Edito n° 12, printemps  2004
Archives

     En entamant sa quatrième année, Topia les ateliers du paysage passe de l’état d’association « nouvelle » à celui d’association « confirmée », à défaut d’être encore historique ! Son développement et sa pérennité se réalisent d’un pas assuré et cette vitalité n’est plus seulement le fait de l’impulsion initiale. Déjà notre secrétariat doit s’obliger à un classement méthodique de ses archives.

     L’intérêt d’une démarche autour d’un concept fédérateur et accessible à tous ne nous surprend pas. Le paysage est en effet compréhensible en différents niveaux d’analyses et offre la voie à plusieurs interprétations et principes d’action. Chacun y trouve donc un angle d’attaque, une accroche, un intérêt personnel qui lui sont propres. En même temps, tout le monde profite d’un partage, et le sentiment commun le plus partagé concerne l’évolution historique des paysages, tant il est vrai que leur stabilité est rare, à fortiori en milieu urbain, et que la mémoire qui en résulte peut aussi subir des transformations.

     A ce titre, la visite passionnante des Archives Départementales de l’Essonne par Philippe Oulmont, le 15 mai dernier, au Domaine de Chamarande, nous a permis de balayer l’histoire des paysages de l’Essonne. Notamment, les cartes d’intendance de la fin du XVIIIème siècle nous ont émerveillé par leur finesse, leurs précisions, leur beauté. Certaines sources sont particulièrement éloquentes, par exemple les photographies d’Évry, à l’époque de la construction de la ville nouvelle. Évolutions lentes (telle la disparition progressive du vignoble francilien), permanences (tels les tracés des routes d’avant les autoroutes), et ruptures brutales (avec l’urbanisation) coexistent, ce que seul un regard rétrospectif, ou un travail d’historien peut vraiment rendre compte.

     Démarche d’autant plus féconde que les travaux historiques sur le paysage sont encore novateurs. Scolaires, historiens ou tout simplement citoyens ordinaires peuvent encore hanter pour longtemps les centres d’Archives.

État d’esprit, esprit des lieux… 

Cédric Crémona, Thomas Le Roux, 
co-fondateurs de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 12


Edito n° 11, hiver 2004
e-Topia

       Le mot paysage a pris depuis plusieurs années une extension sémantique envahissante : du fameux P.A.F. au paysage politique, il n’est pas de jours qui passent sans que la notion soit étendue à des domaines pour le moins surprenants. Est-ce le signe que le paysage appartient de moins en moins au territoire, pour n’être plus qu’un concept vague ? Du décor des peintures classiques jusqu’à l’imaginaire photographique, chaque époque a traité le paysage comme un sujet d’expression modelable à merci. Le dernier stade de la mise en scène s’opère actuellement avec les nouvelles technologies informatiques, dont la liberté s’affranchit des dernières contraintes. En anticipant des paysages « hors-sol », elles offrent, dans le traitement de l’image et de l’information, un champ incroyable de simulation et de création virtuelle qui pousse à l’extrême le concept de déterritorialisation. 

      Les nouveaux modes de transmission de l’information génèrent par ailleurs une nouvelle géographie des flux, qui a des effets sur le paysage. Au delà d’une disparition progressive des cabines téléphoniques et boîtes aux lettres publiques, de nouvelles polarités moins centralisées apparaissent, et ceci à différentes échelles : au niveau mondial, par la délocalisation des services (on pense par exemple aux centrales téléphoniques asiatiques), au niveau national par une nouvelle répartition du travail entre villes et campagnes, notamment par le télé-travail, à l’échelle urbaine par l’émergence d’espaces publics numériques, facilités par la technologie du Wi-Fi (l’internet sans fil), enfin à l’échelle architecturale où les immeubles de bureaux intègrent les contraintes des nouvelle technologies. Encore peu perceptibles, les effets n’en sont pas moins en marche. L’uniformisation mondiale de l’outil et du code accentuera-t-elle celle des paysages ?

    Topia vous invite à cette exploration technologique du paysage et de la cartographie, lors d’une rencontre numérique à la Maison des métallos, le mardi 16 mars, à 18 h 30. Venez nombreux ! Cet édito est aussi l’occasion de vous rappeler notre nouveau site Internet, http://topia.online.fr.

État d’esprit, esprit des lieux… 

Cédric Crémona, Thomas Le Roux, 
co-fondateurs de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 11


Edito n° 10, automne 2003
Cataclysmes

    À travers l’exposition Climax, nos adhérents parisiens auront l’occasion de découvrir, jusqu’en août 2004, à la Cité des Sciences de La Villette, une tentative de simulation des conséquences du réchauffement climatique. En ouvrant la réflexion de manière spectaculaire et en ayant essentiellement recours à l’image, la Cité fait le point des connaissances et accomplit sa mission de vulgarisation sur un thème bénéficiant d’une information relativement abondante. Mais elle souhaite encore sensibiliser un large public sur ce problème d'environnement qui engage l'avenir des prochaines générations.

      Avec notamment les animations montrant des transformations radicales de paysages, chacun pourra se forger un avis sur l’enchaînement de ces phénomènes et surtout imaginer comment vivre avec. Car si plus personne ne doute de ce réchauffement, dont l’essentiel est probablement dû à la question énergétique, plusieurs futurs se dessinent, tous dépendants des mesures de protection qui pourraient être adoptées ces prochaines années.

      Mais ces mesures n’arrivent-elle pas trop tard ? La force d’inertie du système de l’écosphère provoque des effets à retardement. Canicules, pluies torrentielles, tempêtes, vagues de froid : cette catastrophique litanie nous rappelle qu’un réchauffement global de 2 à 6 °C d’ici la fin du siècle se traduira par des oscillations météorologiques plus fortes. Si nous aurons sans doute à subir des cieux plus capricieux, à oublier nos Saintes Glaces tout comme l’adjectif « tempéré », et à découvrir une nouvelle ronde des saisons, nous risquons aussi d’assister, impuissants, à une autre géographie des paysages. Celle-ci se dessinera, brutalement, à l’échelle d’une ou deux générations, transformant ce que plusieurs siècles ont construit. Mais le paysage, ce socle culturel commun, s’accorde-t-il avec ce court terme

    Topia veut être un témoin modeste de ces événements brutaux de courte durée, mais entraînant un véritable bouleversement du paysage. N’hésitez pas à nous envoyer votre contribution (dessins, photos, observations ou points de vue), elles trouveront ici leur place.

État d’esprit, esprit des lieux… 

Cédric Crémona, Thomas Le Roux, 
co-fondateurs de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 10

Edito n° 9, été 2003
Blowin’ in the wind...

     L’été laissera de nombreuses cicatrices dans le paysage. La sécheresse a ainsi bien mis à mal la majeure partie des arbustes plantés au lendemain de la tempête de 1999, les glaciers des Alpes, la qualité de l’air de nos grandes cités, notre capacité à gérer collectivement les ressources en eau ou encore celle d’EDF à produire de l’électricité… Les changements climatiques annoncés, dont tempêtes et canicules seraient les signes avant-coureurs, impliquent une remise en cause de la production énergétique, dont la société de consommation, avide de gourmands climatiseurs, systèmes réversibles et autres « Frigo américains », est peu encline. Et si, face à la question énergétique, la réponse était portée par le vent ?

      Les quelques éoliennes installées le long du littoral et notamment en Bretagne, à grand renfort de communication et de polémiques suffiraient-elles à couvrir ces besoins nouveaux ? Les 92 mégawatts produits fin 2001 en France, comparés aux 8100 mégawatts allemands, nous laissent une idée du chemin restant à accomplir. Pour satisfaire l’objectif européen c’est ainsi 5000 éoliennes qu’il resterait à installer d’ici 2010 !

      Et si cette énergie renouvelable fait consensus, il n’en va pas de même sur les lieux d’implantation de ces mats et pales immenses, dont les plus importantes peuvent atteindre 80 mètres de diamètre, et que personne ne souhaite avoir dans son champ de vision. Pourtant, ces hélices frêles et gracieuses, dignes descendantes des moulins à vent du Moyen Age, dégagent une force sereine dont l’intégration dans le paysage peut être réussie, à condition d’être issues d’un vrai projet collectif - et non par défaut.

     Faute de quoi ces géantes ne dépasseront pas le stade de la curiosité touristique ou seront les victimes d’une trop nombreuse armée de Don Quichotte leur reprochant tant leur impact visuel sur le paysage que leur improbable rentabilité. La seule concession que nous ferons à Eole sera-t-elle de continuer d’abreuver le bétail, dans une ritournelle entêtante, en attendant que nos projets aient plus de souffle ?

État d’esprit, esprit des lieux… 
 

Cédric Crémona, Thomas Le Roux, 
co-fondateurs de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 09


Edito n° 8, printemps 2003
Les lois montagne et littoral attaquées

      C’est la fin du printemps et la météo du paysage n’est pas au beau fixe, à l’heure de la libéralisation tout azimut de la société. En ce début de période de vacances, les zones lacustres et la montagne font les frais de la politique législative. En effet, les parlementaires viennent d’adopter des règles dérogatoires aux lois montagne et littoral de 1985 et 1986, dans le cadre d’une loi Urbanisme, habitat et construction votée définitivement le 28 mai dernier.

      Aux abords immédiats des plans d’eau intérieurs protégés, il est désormais possible de construire « un équipement culturel dont l’objet est directement lié au caractère lacustre des lieux » et des routes de transit à moins de 200 mètres des rivages. En montagne, l’urbanisation est encouragée non seulement en continuité du tissu urbain comme la loi montagne le permet, mais aussi pour des zones de chalets traditionnels isolés. Les changements d’affectation et l’agrandissement des chalets d’estive sont désormais autorisés. Des assouplissements favorables aux pistes de ski ont aussi été adoptés.

      Quelle est la justification de ces mesures ? Le « carcan environnemental » qui rendrait impossible toute initiative économique. Certes, la sanctuarisation d’espaces peut avoir des effets pervers, figeant des territoires artificiellement, mais les lois de 1985 et 1986 répondaient aussi à une nécessité, celle de protéger des espaces particulièrement vulnérables face au bétonnage des décennies précédentes. En cela, ces nouvelles mesures sont inquiétantes ; elles mettent à mal le concept de « développement durable », si innovant il y a encore 20 ans, et maintenant si usité, y compris au niveau ministériel, qu’il en devient galvaudé, rabaissé au niveau d’un concept creux, cache misère d’une politique qui lui est en fait littéralement opposée.

       Alerte et vigilance donc. Le littoral et la montagne, Topia n’y est évidemment pas indifférent. Après notre week-end particulièrement réussi sur les rivages du Finistère nord, un week-end en Haute-Savoie est annoncé… pour 2005, soyons patients !

    La mer et la montagne : qui n’arriverons-nous pas à séduire ?

État d’esprit, esprit des lieux… 
 

Cédric Crémona, Thomas Le Roux, 
co-fondateurs de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 08


Edito n° 7, hiver 2002
Qu’est-ce qu’un beau paysage ?

     La beauté des paysages, Topia continue d’explorer ce mystère à travers son deuxième cycle de conférences sur les paysages et l’art , qui rencontre un vif succès, à croire que nous sommes tous en recherche d’un esthétisme des paysages, représenté par des artistes dont la mission est aussi de créer un sens. Car, si la subjectivité de la beauté rend légitime toutes motivations — recherche d’intimité, d’esthétisme pur, de pittoresque, de spectaculaire, de nature préservée —, la beauté d’un paysage est bien sûr ce qu’il évoque.

      Ainsi, en Islande, la faille de Thingvellir, lieu de la première démocratie d’Europe, au Moyen Age, et trace éloquente de la dérive des continents, est un condensé de la grande histoire humaine et de la longue histoire géologique planétaire. Par sa simplicité, sa puissance, le site offre un paysage hors du commun, qui n’a pourtant rien de bucolique ou d’harmonieux. Mais il dégage une puissance, une force, rendues perceptibles seulement par sa compréhension

    Perception toujours, et question d’époque : un certain nombre de blessures en se cicatrisant, engendrent une beauté qui est plus qu’esthétique. Les paysages industriels, ces monstres blessant une nature supposée vierge, deviennent objets de toutes les attentions : ils feraient même partie du patrimoine… Les terrils des bassins miniers, poubelles géantes à l’air libre deviennent des éléments identitaires, rendus beaux, non par les plantations végétales qui les embellissent, mais par l’histoire humaine qu’ils évoquent. Les anciens faubourgs industriels parisiens font maintenant le charme de la Capitale, (dont vous aurez un aperçu lors de notre parcours urbain concluant notre AG du 15 mars). Comme l’a démontré l’exposition photographique sur le groupe industriel Lhoist, à Paris en 2002, « un paysage naturel abîmé par l’exploitation mais qui fait place à un nouveau paysage peut être même plus extraordinaire encore ». 

 Sédimentations d’histoires, les traces du paysage rendent belles les interventions humaines. A l’image de l’homme, de sa complexité, de sa poésie, un beau paysage n’est pas un paysage neutre : il est humanisé

État d’esprit, esprit des lieux… 

Cédric Crémona, Thomas Le Roux, 
co-fondateurs de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 07


Edito n° 6, automne 2002
A qui appartient le paysage ?

    Il y a deux ans, la « bataille du Pariou », ce procès intenté par les propriétaires du volcan d’Auvergne au photographe qui en avait diffusé des clichés, a focalisé l’attention sur la propriété des paysages. Si, finalement, il a été reconnu l’an dernier le droit de photographier ce paysage, c’est que sa « propriété » dépasse de loin son aspect juridique.

    La propriété d’un espace confère le droit d’en disposer. C’est ainsi que la plupart des paysages se sont construits : agriculteurs, industriels, promoteurs immobiliers, autant d’acteurs privés, qui sans en avoir conscience, ont bâti des formes inscrites dans un territoire. Mais la puissance publique a eu aussi son mot à dire : voies de communication, monuments, forêts, sans oublier toutes les règles d’urbanisme et d’aménagement de plus en plus déterminantes. Le paysage, construit consciemment, est devenu un enjeu public. Et pourtant…

    Pourtant, dans un étrange paradoxe, le pouvoir d’agir sur le paysage s’est avec le temps concentré entre un petit nombre de mains, acteurs autoproclamés experts, décideurs, aménageurs… « Partie d’un pays que la nature présente à un observateur » (Le Robert), le paysage, fruit du travail de générations d’hommes, se regarde ; passivement pourrait-on presque ajouter. Et s’il n’est fait que pour être regardé, c’est que les hommes ne s’en sentent plus responsables. « D’habitant actif du paysage, l’homme est devenu habitant subissant » (J.R. Pitte), se repliant sur sa sphère privée, son habitacle automobile ou immobile : le petit bout de jardin ou l’aménagement de son intérieur comme  compensation, la pellicule photo comme capture de ce qui semble échapper. Comment porter sur le paysage un regard qui soit actif, collectif, créatif

     Mieux que la propriété, c’est l’appropriation d’un paysage qui est déterminant. Et s’approprier, c’est d’abord comprendre et donc éduquer au regard. Vient ensuite le temps de l’action. Le sens du collectif donne enfin le niveau d’implication.

État d’esprit, esprit des lieux… 

Cédric Crémona, Thomas Le Roux, 
co-fondateurs de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 06


Edito n° 5, été 2002
Le paysage, un patrimoine collectif

    Le paysage, résultat d’une multiplicité d’actions passées, apparaît souvent comme un élément important à transmettre aux générations futures. Face à des atteintes récentes sur les paysages, certains citoyens ont légitimement réagi, pour demander dans la plupart des cas le respect et la préservation du paysage existant, l’argument principal étant celui d’un patrimoine à sauvegarder. Cette notion, introduite au début du siècle pour les monuments historiques, avait déjà effleuré les paysages en 1930 avec la première loi permettant l’inscription et le classement des sites remarquables en France. Mais, c’est l’aspect pittoresque qui prédominait encore sur une conception plus globale, résultat d’un fait de civilisation et notion qui s’affirmera à la fin des années 80.

    Ainsi, depuis 1992, l’Unesco a reconnu l’existence de « paysages culturels » et en a inscrit près de vingt sur la Liste du patrimoine mondial en dix ans. De même, la Convention européenne du paysage, en 2000, souligne la nécessité de protéger les « aspects significatifs ou caractéristiques d'un paysage, justifié par sa valeur patrimoniale ». La tendance à la patrimonialisation du paysage se répand aussi dans l’opinion : les Journées du Patrimoine en septembre 2002 auront pour thème « Territoires et patrimoine », laissant au paysage toute latitude. Topia propose d’ailleurs cette année encore une animation autour du patrimoine paysager en milieu urbain, à la Maison des métallos.

     Si la violence faite au paysage, que nous avons constatée à Marne-la-Vallée, a pu nous heurter, nous ne pensons cependant pas qu’il est forcément utile de figer un paysage au nom du patrimoine. Au cas par cas, l’équilibre entre esthétique et activités humaines doit avant tout refléter un esprit des lieux dont l’identité n’est ni exclusive, ni passéiste. Topia considère que l’attitude « sanctuariste » est dans tous les cas à bannir. Au même titre que ceux qui en profitent pour un usage récréatif, c’est à ceux qui y interviennent qu’il faut demander l’avis. Ce qui pose une autre question : à qui appartient le paysage ?

État d’esprit, esprit des lieux… 

Cédric Crémona, Thomas Le Roux, 
co-fondateurs de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 05


Edito n° 4, printemps 2002
Entretenir le paysage

"Journées de l'environnement ", " Opération nettoyage de printemps"... : avec le retour des beaux jours, les chantiers et animations éco-citoyennes se multiplient pour nous faire découvrir des sites et paysages… Et nous inviter à les entretenir ! Mais à quoi sert de passer un dimanche à débroussailler une pelouse calcaire ou à ramasser les déchets le long d'un chemin ?

Plus que le résultat en lui même, c'est la sensibilisation du public qui compte. L'accélération de l'exode rural, la mécanisation des campagnes, la baisse du nombre des agriculteurs, le recul de la polyculture et la spécialisation, tous ces facteurs ont mis à mal la diversité des milieux naturels. Un critère unique de rentabilité a conduit d'une part à une utilisation intensive des meilleures terres, d'autre part à un abandon des autres (pentes, prairies " sèches " ou " humides ", etc.) promises à la friche et à un appauvrissement rapides, fermant le paysage .

Afin de corriger cette logique de marché, un certain nombre d'outils juridiques et financiers ont vu le jour. Les contrats Natura 2000 permettent aux signataires (exploitants, associations, communes…) d'être rémunérés pour les services rendus à la collectivité et la conservation des sites. Les contrats territoriaux d'exploitation (C.T.E.), passés avec les agriculteurs, tentent quant à eux de concilier politique agricole et politique d'aménagement local, par l'entretien des paysages, la qualité de l'eau, la lutte contre l'érosion des sols. Enfin, les Conseils généraux peuvent définir des Espaces naturels sensibles, en cas de menaces et de vulnérabilité. Ils disposent alors d'un droit de préemption sur ces terrains qu'ils pourront acquérir, puis ouvrir au public.

Devenu d'intérêt général, l'entretien du paysage passe par la contractualisation des démarches, la multiplication des intervenants. Les associations, qui ont une connaissance précise du terrain et une autre façon de l'appréhender, sont un relai à la valorisation des paysages. C'est cet état d'esprit que Topia a rencontré dans le pays d'Othe et en Brenne…

État d'esprit, esprit des lieux…

Cédric Crémona, Thomas Le Roux, 
co-fondateurs de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 04


Edito n° 3, hiver 2002
U-Topia… 

… « Pays de nulle part », « qui n’est d’aucun lieu » (du grec ou [non] et topos [lieu]), construction de l’esprit, critique sociale et espoir d’une société meilleure : la pensée utopique entretient avec le paysage des liens étroits. Toute société en essor a tenté de façonner son territoire à l’image de la cité idéale, et en premier lieu les Grecs, avec leurs colonies dès le VIIIème siècle av. J.C., d’où émergera l’esprit pionnier et démocratique.

 Plus tard, les Romains systématisent en Gaule et dans le bassin méditerranéen la pensée utopique, car la maîtrise de l’espace est avant tout instrument de contrôle et de domination. La ville est la première touchée, bâtie selon la trame sacrée de ses rues perpendiculaires, marquée par le recours systématique à l’architecte, et organisée autour des lieux centraux : forum, théâtres, thermes… Avec la régularisation des campagnes, quadrillées de limites cadastrales, le long des voies et des villas, jamais plus jusqu’à nos jours le paysage ne sera à ce point uniformisé. Les villes « neuves » médiévales, « nouvelles » de l’époque moderne et contemporaine sont un succédané de cette pensée.

 Le pragmatisme du développement industriel, au XIXème siècle, semble rompre avec l’archaïsme décrit en 1789 par Young dans ses Voyages en France, et ancrer le paysage dans son territoire : paroxysme de la diversité régionale ? En fait, l’accélération technique du XXème siècle, le tourisme et la société de consommation et de l’image, inventent la dé-territorialisation, le paysage standardisé pour tous, qui cesse d’être un projet de société. L’ échec de l’aménagement du territoire fait ainsi douter de notre capacité à construire ou sauvegarder des paysages de qualité. Ultime paradoxe : avec la mort de l’utopie, ce non-lieu, assistons-nous à la mort du paysage, à travers sa banalisation

 Ni utopie ni topos, le lieu commun des littéraires, Topia, entre autres activités dont notre AG du 27 avril, vous fera découvrir l’illusion du paysage dans la ville nouvelle de Marne-la-Vallée. Ce bulletin clôt une année de création et contient deux pages en couleur pour nos 85 adhérents.

État d’esprit, esprit des lieux…
 

Cédric Crémona, Thomas Le Roux, 
co-fondateurs de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 03


Edito n° 02, automne 2001
Peut-on parler du paysage sans parler du regard que nous lui portons ?

     C'est un "braconnier de l'éphémère" qui nous a appris à déceler le charme des faubourgs et de la banlieue parisienne : à travers ses photos, Doisneau (1912-1994), grâce aux petits riens de la vie qu'il a mis en scène, a transformé les terrains vagues, les rues grises et anonymes en décors attachants, donnant des visages éternels aux banlieues en passe d’être défigurées.

     C'est une famille entière, les Tairraz, photographes de père en fils et compagnons de voyage de Roger Frison-Roche, qui a saisi les vertiges et les cordées. Depuis le tout premier cliché du Mont-Blanc en 1861 par l'arrière-grand-père, jusqu'aux récentes éditions de cartes postales pour stations de ski, elle est allée chercher la forme simple, la composition quasi abstraite, dans une montagne complexe. Aujourd'hui, de nombreux touristes doivent leur seule vision de paysages glaciaires à Pierre Tairraz, qui s'est éteint l'année dernière.

      Plus près de nous, Raymond Depardon, grand reporter et fondateur de l'agence Gamma, a « fixé » jusqu'aux traits de caractère de ces derniers paysans dont il a gagné la confiance. Ces paysans ont le même âge que lui, et il aurait pu mener cette même vie s'il avait repris la ferme de son père.

      Ces photographes, auxquels Topia rend hommage, ont fabriqué du paysage. Ils nous ont surtout offert leur façon à eux de le regarder. Et combien de fois l’observons-nous, ce paysage, à leur manière et sans le savoir ?

 L'automne a permis à Topia d'étendre son action autour du patrimoine industriel : en Bourgogne, dans le nord de la France, en Essonne et à Paris. Cette action s'est aussi enrichie aux contacts de nombreuses autres associations que nous tenons à remercier.
     Nous vous souhaitons à tous d'agréables fêtes de fin d'année et vous donnons rendez-vous dès le 30 janvier pour débuter le cycle de visites conférences sur… le paysage !

État d’esprit, esprit des lieux… 

Cédric Crémona, Thomas Le Roux, 
co-fondateurs de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysagen° 02


Edito n° 01, été 2001
Le Paysage, argument des sociétés d'autoroute…

    « Autoroutes : priorité au paysage », titrait Télérama, au moment des départs en vacances (n°2689 du 28/07/01). De l'article, plutôt élogieux, se dégageait un constat : l'autoroute nous livre une vision inédite de l'hexagone, et une question : l'autoroute crée-t-elle du paysage ? 

    Il est vrai qu'avalés à grande vitesse, les talus, ponts, bretelles, glissières, bornes et autres panneaux, autant d'éléments d'une grande banalité, disparaissent pour laisser place à de beaux panoramas. En sautant la côte bourguignonne, apparaissent la ville de Beaune, la plaine de Saône, les Monts du Jura et par temps clair, le Massif du Mont Blanc. C'est encore la Cathédrale de Chartres émergeant des blés, la Montagne de Reims…

     Mais ces points de vue ne constituent que des paysages d'emprunt dont ont su tirer profit ingénieurs et paysagistes au moment du tracé… Et finalement qu'a-t-on vu, observé, compris ? Vitesse contre immobilité ? Consommation contre réflexion ? L'homo-automobilus saurait-il encore prendre le temps de contempler une lumière changeante, de détailler l'horizon des heures durant ?

    L'autoroute est aujourd'hui totalement intégrée à nos déplacements et à notre mode de vie. Mais le spectacle qu'elle nous offre, révèle bien un certain type de paysage contemporain, fondé sur la mobilité, les flux et les réseaux !

   Topia a profité de l'été pour mener a bien un certain nombre d'activités dont vous trouverez le détail dans ce numéro et pour préparer des actions de rentrée conjuguant découverte (Nord-Pas-de-Calais, Pays d'Othe) et patrimoine (Métallurgie dans le 11è arrondissement, Industries au fil de l'eau en Bourgogne).
    Tout cela en espérant vous faire découvrir, par les chemins de traverse, de nouveaux paysages… loin des autoroutes !

État d’esprit, esprit des lieux… 
 

Cédric Crémona, Thomas Le Roux, 
co-fondateurs de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 01


Edito n° 00, printemps 2001
Topia ...

Topia...
Topia ? C’est le jardin aménagé du romain Vitruve, dans son Traité sur l’architecture, première apparition de la notion de paysage : un paysage humanisé.
Topia ? C’est aussi l’association que nous avons eu envie de créer, devant une vue panoramique du Plomb du Cantal, au Carrefour, bistrot amical où nous aimions refaire le monde..., puis que nous avons fondée au Café de l’esprit des lieux dans le Marais. 
Topia ? C’est la possibilité de s’associer pour partager, exprimer, lire, agir et se représenter le paysage. N’ayant pas la prétention d’inventer une science du paysage, nous nous considérons plutôt comme les animateurs, les bricoleurs du paysage. Topia, c’est donc aussi les ateliers du paysage, mêlant amateurisme et expérimentation. Car si le paysage est une autre manière de parler de l’Homme, animal géographique, historique, économique, écologique, et bien-sûr politique et spirituel, vous l’aurez compris, c’est aussi un bon prétexte pour voyager, rencontrer, confronter. 
Démarche personnelle(s), mais ouverte à tous (et pas seulement pour la cotisation que vous êtes susceptible de nous apporter !), pour votre façon à vous de voir le paysage : ceux qui parlent le mieux des paysages sont ceux qui les vivent. Topia est un chantier : les questions, les hypothèses sont souvent plus importantes que les réponses. 
Ce bulletin saisonnier, dont les prochains numéros seront envoyés aux adhérents, vous présente l’état d’esprit de Topia, ses objectifs, sa charte, ses projets, ses réflexions. Chacun d'entre vous retrouvera déjà son petit bout de Topia. Et si Topia nous rend plus curieux, inventifs, et nous fait aimer mieux le monde, en y découvrant sa beauté, mais aussi sa fragilité, nous aurons réussi notre première action de création !

État d’esprit, esprit des lieux… 

Cédric Crémona, Thomas Le Roux, 
co-fondateurs de Topia les ateliers du paysage, 
pour Format Paysage n° 00

 
 
 
 

 

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