Topia
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Paysages urbains : Gentilly
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Les
paysages urbains sont souvent difficiles à lire : effacement du
relief, superposition des architectures, des époques et des populations,
accélération des métamorphoses… Autant de facteurs
qui rendent leur lecture d’autant plus passionnante.
En bordure du périphérique parisien, coincée entre
les deux bretelles de l’autoroute A6, Gentilly offre un paysage urbain
morcelé, mais révélateur d’une banlieue ayant
conservé les strates successives de son urbanisation : aqueduc gallo-romain,
église médiévale, ateliers et usines du XIXè
siècle en bordure de Bièvre, lotissements pavillonnaires
sur d’anciens maraîchages, immeubles IIIè République,
grands ensembles HLM de l’après-guerre, bureaux, etc. Située
sur les deux versants escarpés de la vallée de la Bièvre,
Gentilly offre de nombreux panoramas qui permettent de vérifier
l’incroyable dépeçage de la ville, qui était encore,
en 1800, la troisième de la région.
Au printemps 2002, un travail sur le paysage de leur commune a été
réalisé par des élèves de 4ème. Ceux-ci
ont réalisé une centaine de clichés reprenant le point
de vue d’anciennes photographies, pour l’essentiel des cartes postales
du début du siècle et des clichés de Robert Doisneau,
natif de la ville. Ce travail s’est conclu par une exposition, et une sortie
encadrée par Topia.
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Carte postale : Bords
de Bièvre, début XXè siècle
@ Archives départementales
de Val-de-Marne
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L'actuel "bord de Bièvre"
@ Alexis Ulveling, élève
de 4ème A, avril 2002
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Leurs
clichés permettent de percevoir l’évolution du paysage urbain
depuis un siècle. Sur le premier exemple présenté,
la rivière de Bièvre, qui a fixé sur ses bords au
XIXè siècle des tanneries et blanchisseries, est aujourd’hui
recouverte par un parc paysagé, qui rend l’illusion de sa présence.
Sur le second exemple, une farandole, immortalisée par Doisneau
en 1932, célèbre la construction de 12 immeubles, au 162
rue Gabriel Péri, équipés de l’eau courante et du
chauffage : un luxe pour l’époque. S’ils sont de nos jours d’une
banalité désespérante, ils furent les premiers construits
en région parisienne et leur audace était vecteurs de modernité.
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Les immeubles du "162"
en 1932
@ Robert Doisneau (Agence
Rapho)
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La cité du "162"
aujourd'hui
@ Onder Sen, élève
de 4ème A, avril 2002
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La comparaison met aussi en valeur des différences de perception
selon les époques. La Bièvre, alors insalubre, est perçue
de nos jours sous l’angle de la nostalgie. A l’inverse, le grand ensemble
du « 162 », accueilli dans la joie en 1932 à la place
des bidonvilles, est aujourd’hui parmi les plus délabrés
de la banlieue Sud : en 2001, 4 immeubles ont été détruits.
Du paysage
urbain de Gentilly, voici ce qu’en dit Vigdis Fishbach, élève
de 4ème au Collège Pierre-Curie, en juin 2002 : « À
Gentilly, il y a plusieurs paysages qui ont été superposés;
l’ancien paysage d’une ville en pleine formation, et une ville nouvelle.
Ces paysages sont mélangés, les vieux et les nouveaux monuments,
mais d’autres ont disparu. Une des choses les plus importantes de la ville
est cachée : la Bièvre. Sans elle, Gentilly n’aurait jamais
existé car toutes les industries étaient basées dessus,
des tanneries, les usines. Elles s’en servaient de moyen de transport ;
des grandes barques amenaient les marchandises et repartaient , on le voit
bien car des portes étaient ouvertes sur la Bièvre. Les monuments
anciens de Gentilly (et vus dans la visite) qui n’ont pas été
rénovés sont : les bains-douches, l’église, les anciennes
usines, etc. Les monuments existant il y a longtemps ayant été
rénovés sont : la gare, la mairie, (…) etc. Gentilly comporte
bien plusieurs paysages. »
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