Partager
Exprimer
Agir
   Faire découvrir
   Ateliers
   Défendre le patrimoine
Lire
Regarder
 
Accueil
Contact

 
 
 
 
 

 

Topia les ateliers du paysage 
une association pour agir

Paysages urbains : Gentilly (94)

    Les paysages urbains sont souvent difficiles à lire : effacement du relief, superposition des architectures, des époques et des populations, accélération des métamorphoses… Autant de facteurs qui rendent leur lecture d’autant plus passionnante.

     En bordure du périphérique parisien, coincée entre les deux bretelles de l’autoroute A6, Gentilly offre un paysage urbain morcelé, mais révélateur d’une banlieue ayant conservé les strates successives de son urbanisation : aqueduc gallo-romain, église médiévale, ateliers et usines du XIXè siècle en bordure de Bièvre, lotissements pavillonnaires sur d’anciens maraîchages, immeubles IIIè République, grands ensembles HLM de l’après-guerre, bureaux, etc. Située sur les deux versants escarpés de la vallée de la Bièvre, Gentilly offre de nombreux panoramas qui permettent de vérifier l’incroyable dépeçage de la ville, qui était encore, en 1800, la troisième de la région.

     Au printemps 2002, un travail sur le paysage de leur commune a été réalisé par des élèves de 4ème. Ceux-ci ont réalisé une centaine de clichés reprenant le point de vue d’anciennes photographies, pour l’essentiel des cartes postales du début du siècle et des clichés de Robert Doisneau, natif de la ville. Ce travail s’est conclu par une exposition, et une sortie encadrée par Topia.
Carte postale : Bords de Bièvre, début XXè siècle
@ Archives départementales de Val-de-Marne
L'actuel "bord de Bièvre"
@ Alexis Ulveling, élève de 4ème A, avril 2002

    Leurs clichés permettent de percevoir l’évolution du paysage urbain depuis un siècle. Sur le premier exemple présenté, la rivière de Bièvre, qui a fixé sur ses bords au XIXè siècle des tanneries et blanchisseries, est aujourd’hui recouverte par un parc paysagé, qui rend l’illusion de sa présence.

     Sur le second exemple, une farandole, immortalisée par Doisneau en 1932, célèbre la construction de 12 immeubles, au 162 rue Gabriel Péri, équipés de l’eau courante et du chauffage : un luxe pour l’époque. S’ils sont de nos jours d’une banalité désespérante, ils furent les premiers construits en région parisienne et leur audace était vecteurs de modernité.
 
Les immeubles du "162" en 1932
@ Robert Doisneau (Agence Rapho)
La cité du "162" aujourd'hui
@ Onder Sen, élève de 4ème A, avril 2002

     La comparaison met aussi en valeur des différences de perception selon les époques. La Bièvre, alors insalubre, est perçue de nos jours sous l’angle de la nostalgie. A l’inverse, le grand ensemble du « 162 », accueilli dans la joie en 1932 à la place des bidonvilles, est aujourd’hui parmi les plus délabrés de la banlieue Sud : en 2001, 4 immeubles ont été détruits. 

    Du paysage urbain de Gentilly, voici ce qu’en dit Vigdis Fishbach, élève de 4ème au Collège Pierre-Curie, en juin 2002 : « À Gentilly, il y a plusieurs paysages qui ont été superposés; l’ancien paysage d’une ville en pleine formation, et une ville nouvelle. Ces paysages sont mélangés, les vieux et les nouveaux monuments, mais d’autres ont disparu. Une des choses les plus importantes de la ville est cachée : la Bièvre. Sans elle, Gentilly n’aurait jamais existé car toutes les industries étaient basées dessus, des tanneries, les usines. Elles s’en servaient de moyen de transport ; des grandes barques amenaient les marchandises et repartaient , on le voit bien car des portes étaient ouvertes sur la Bièvre. Les monuments anciens de Gentilly (et vus dans la visite) qui n’ont pas été rénovés sont : les bains-douches, l’église, les anciennes usines, etc. Les monuments existant il y a longtemps ayant été rénovés sont : la gare, la mairie, (…) etc. Gentilly comporte bien plusieurs paysages. »

Thomas Le Roux,  pour Format Paysage n° 06, automne 2002
 

 
 
 
 

 

© Copyright : Topia les ateliers du paysage