Topia
les ateliers du paysage
une association pour agir
Arras, une
ville du Nord
Eu'n
visite toutin haut de ch'beffro
Week-end du 31 août et 1er septembre 2002
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Le beffroi d'Arras
@ Thomas Le Roux (Topia),
2002
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Belle, très au-dessus
de la contrée
Se dresse éperdument
la tour démesurée
D'un gothique beffroi sur
le ciel balancé
Attestant les devoirs et
les droits du passé
Et tout en haut de Lui,
le grand Lion des Flandres
Hurle en cris d'or dans
l'air "osez le prendre!"
Verlaine
… Et nous avons osé
! Osé prendre cette tour de 75 m, osé conquérir un
des plus grands beffrois du nord de l'Europe !
C’est donc en beauté
que nous avons terminé notre « traditionnel » périple
dans le Nord-Pas-de-Calais organisé par Agnès et Matthieu
Turlure. Buttes de l’Artois, terrils du bassin houiller, monts de la Flandres…,
il ne nous manquait plus que ce sommet urbain, pour admirer un pays décidément
bien convivial. |
Les beffrois cisèlent les paysages du nord. Dans la morphologie
des villes, ils s'insèrent dans un ensemble plus vaste dont Arras
est un parfait exemple. Au cœur du centre historique, le beffroi domine
fièrement la Place des Héros. Au cœur du temps de la cité,
son carillon chante toutes les heures. Dans chaque ville du nord, la Grand'place
concentre l'agitation, le commerce et les spectacles urbains. Arras ne
fait pas exception, si ce n'est qu'elle en a deux. La Grand'place et la
Place des Héros, reliées entre elles par la rue de la Taillerie,
présentent un alignement exceptionnel de 155 façades de style
baroque flamand.
Cette dentelle blanche qui perce le ciel d'Arras est un bel exemple gothique
flamboyant. Son érection, en 1463, se rattache au mouvement communal,
puissant dans cette région. À Arras, cette richesse qui lui
permit d'acquérir une certaine indépendance provient du commerce
du drap, puis des célèbres tapisseries "les arrazi". Le beffroi
sert alors de tour de guet et de salle de réunion des échevins.
Il rythme la vie et le travail grâce à ses cloches, et symbolise
l'indépendance de la ville. Aujourd'hui, ces géants sont
bien vivants, à tel point qu'à Saint-Pol-sur-Mer une nouvelle
tour sera bientôt achevée. La reprise d'autonomie des collectivités
locales depuis la IIIème République jusqu'à la décentralisation
a contribué à redorer le blason des beffrois. À Arras
comme ailleurs, le beffroi est extrêmement présent dans les
cycles festifs. Le jour de l'embrasement de la tour, qui a rendu notre
ascension si dangereuse, est particulièrement attendu par les habitants.
Ce sentiment d’attachement à leur ville se retrouve à travers
un rituel étrange : le lancer d'objets fétiches du haut du
beffroi. Des louches dégringolent à Comines, des chats retombent
sur leurs pattes à Ypres, des harengs sont jetés à
Dunkerque…
Tout en haut, nous avons
pu admirer les deux places, exceptionnelles par leur unité qui résulte
d'un échevinage soucieux de "l'urbanisme" et qui a imposé
des constructions sans aucune saillie. Les matériaux utilisés
sont typiques de l'architecture du nord : une base en grès - pierre
grise qui protège de l'humidité - puis des étages
en briques et en pierres blanches. Chacune des façades garde cependant
sa propre identité grâce aux ornementations, seules fantaisies
autorisées qui permettaient de reconnaître le propriétaire.
La maison la plus ancienne, l’"hôtel des Trois Luppars" (1467) a
servi de base à l'alignement des façades avec leur galerie
à arcades ; elle possède l’unique pignon à pas de
moineaux de la place. |
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La place des Héros
@ Thomas Le Roux (Topia),
2002
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Au Moyen Age, ces places de 17000 m² étaient le théâtre
d'un commerce international florissant. Nées de la prospérité,
elles ont aussi contribué à la prospérité.
Le marché du samedi est une vieille tradition qui n'a cessé
de se perpétuer depuis le XIIème siècle. La flamboyante
blancheur du beffroi, les rondeurs rouges et ocres des pignons à
galbes, les douces vagues bleutées des pavés ont, ensemble,
contribué à donner à Arras son prestige qui surprend
encore le visiteur…
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