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Topia les ateliers du paysage 
une association pour agir

Le soissonnais
Terre d’histoire, pays de pierre, berceau du gothique
Week-end du 18 et 19 octobre 2003

      C’est par une fraîche matinée d’automne que nous nous retrouvons à l’entrée des carrières de Vassens, accueillis par le responsable : M. Choffart. Dès 10 h., le convoi des voitures s’engouffre dans l’inquiétant labyrinthe des 210 km de galerie. Mais notre appréhension s’estompe dès le premier arrêt, avec l’évocation du pénible métier des carriers d’autrefois travaillant à la lance, utilisant la seule force de leurs bras pour décrocher « du banc royal de Vassens », des blocs de calcaire de plusieurs tonnes ! Un bond en avant dans la technologie nous conduit ensuite sur le banc de taille en exploitation où un ouvrier découpe des blocs de 5 tonnes à l’aide d’une haveuse (sorte de tronçonneuse munie d’une chaîne longue de 2 m.). Comme la roche n’est pas homogène et présente des fissures ou « filières », « le ciel » de la carrière est régulièrement renforcé à l’aide de tiges métalliques de 1,80 m. de longueur, qui solidarisent le plafond à la roche qui le surmonte. 
Scie circulaire © Thomas Le Roux (Topia), 2003
Les blocs, d’un volume de 3 à 4 m3, sont ensuite transportés à l’atelier de sciage situé en plein air, abrité par un hangar. Ils sont débités à la demande par d’énormes scies circulaires. Une fois taillées, les pierres sont soigneusement empilées sur des palettes avec de la paille attendant l’enlevage par le client. Des pierres de Vassens furent utilisées pour la construction du Louvre, de l’Opéra-Bastille, du château de Pierrefonds, de la cathédrale de Chartres…
       Nous nous rendons ensuite aux carrières de Confrécourt qui, sur le rebord du plateau affleurant, nous permettent de comprendre la géologie du Soissonnais. Elles sont devenues un lieu de mémoire exceptionnel de la Première Guerre Mondiale, par les bas-reliefs sculptés des poilus.

     La visite se continue par les creutes de Pasly, son ouverture sur la vallée de l’Aisne et son panorama sur Soissons. Puis c’est l’exploitation actuelle d’une ancienne carrière à Billy sur Aisne. M. Norris nous y dévoile l’étonnante vie souterraine des champignonnistes et tous les secrets de la culture sur containers, des champignons dits « de Paris ».

     Rendus à l’air libre, une petite marche détente au chaos de Billy, dans une reculée, est la bienvenue et avec la tombée de la nuit, légendes et géologie feront bon ménage. Nous regagnons ensuite le gîte de Nampteuil-sous-Muret, où nous attend Jean Chabrol, artisan maçon, spécialisé dans la rénovation du bâti ancien. Bientôt, l’architecture rurale en Soissonnais, les murs de moellons, les chaînages, les boutisses, les pignons à redents, les souches de cheminées, les linteaux, les corniches… ainsi que les outils : ciseaux, gouges, têtu, rustique, taillant, laye, polka, rabots divers n’auront plus de secret ou presque ! Une joyeuse veillée termine la journée par des chansons, essentiellement des chants des métiers avec Jean-Luc Sendron, luron espiègle et troubadour local.
 
     Dimanche matin le coteau et le marais de Nampteuil–sous-Muret accueillent les plus courageux. Puis c’est la découverte de l’architecture  locale par la visite d’un vendangeoir à Billy-sur-Aisne : une solide maison de vigneron en pierre de taille, avec ses hauts murs de clôture, son portail monumental et sous la maison ses immenses caves et même… sa cache secrète ! Visite, ensuite, du village d’Acy, relativement préservé, avec les pignons des maisons à pas de moineaux, les corniches protégeant les murs et les portes de la pluie, les fenêtres et leur linteau de pierres ajustées, les souches des cheminées parfois décorées, les lucarnes, les piliers jamais identiques et les hauts murs de liaison avec leur couronnement. Le problème de l’alimentation en eau d’un village de bord de plateau est alors évoqué : récupération des eaux de pluie, puits captant une source souterraine, manège pour desservir une ferme... Enfin, la ferme du Pavillon, grosse ferme de plateau avec sa grange remarquable, termine notre promenade.
Rue d’Acy © T. Le Roux, (Topia), 2003

       L’après-midi, du haut de la tour de la cathédrale de Soissons, Mme Duraffour, guide auprès de l’office du tourisme, évoque l’évolution de la ville depuis la domination du puissant peuple gaulois des Suessions jusqu’à nos jours. Enfin, nous nous rendons à l’abbaye de Saint-Jean-des-Vignes, remarquable édifice de style gothique où subsistent encore, outre ses deux flèches élancées, véritable dentelle de pierre, le cloître, le réfectoire, le cellier et la façade occidentale de l’église.
 

Marcel Salaün, pour Format Paysage n° 10, automne 2003

 
 
 
 

 

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