Le Beaufortain se définit d’un point de vue géographique
comme le massif du bassin versant du Doron-de-Beaufort et de ses affluents.
Il était autrefois accessible par cinq portes : Cormet de Roselend
et d’Arêches, Cols de la Forclaz, de la Louze, des Saisies et du
Joly.
Dans le paysage,
ce sont les chalets accrochés à de fortes pentes qui attirent
l’œil. Leur implantation épouse les formes de la montagne, comme
au village de Boudin, où les bâtisses resserrées prennent
en compte le proche couloir d’avalanches.
A Hauteluce,
plus précisément au Cruet, nous avons eu le plaisir de visiter
le chalet « typique » en bois de Dominique et Guy Crémona.
L'étable est au rez-de-chaussée, l'habitation au premier,
attenante à la grange. A quelques mètres se trouve toujours
le grenier, petit chalet de bois où sont protégées
des incendies les précieuses denrées, et transformé
aujourd’hui en mini musée d’arts et traditions populaires et...
en chambre à coucher.
Ces chalets
indiquent aussi que l’agriculture du Beaufortain a reposé et repose
encore sur l’élevage, la fabrication et la vente du fromage, comme
c'est souvent le cas dans des reliefs difficiles. Isolés ou
regroupés en petits villages, ils sont généralement
des points d’arrêt lors de la « remue », c'est-à-dire
la montée des vaches vers les alpages. Les saisons rythment donc
la vie des agriculteurs. L’hiver est passé dans la vallée
tandis que l’été, les vaches sont emmenées par étapes,
vers les alpages les plus hauts, où elles passeront tout l’été.
Le beaufort est fabriqué toute l’année. Aujourd’hui la plupart
des producteurs descendent leur lait à la coopérative. Nous
avons visité celle de Beaufort et nous avons aussi rencontré
à Arêches l'un des derniers producteurs de beaufort
indépendant qui, durant l’été, fabrique son fromage
dans les alpages.
Les alpages, même s’ils restent importants et ouvrent le paysage,
sont en constante diminution. La randonnée sur le Sentier des Pointières,
près de Queige en est l’illustration : la forêt gagne.
La difficulté de travailler certaines pentes donne à la forêt
la possibilité de regagner des terres qui ne sont plus exploitées.
C’est ce que nous a expliqué M. Molliex, le bénévole
responsable de la mise en valeur du sentier. La population du Beaufortain
a diminué, alors qu’elle avait atteint son maximum au milieu du
19ème siècle. Ensuite l’émigration s'est accentuée.
Temporaire ou définitive, elle se faisait essentiellement vers les
grandes villes, Paris et Lyon.
Découvrir
cette région, c’était aussi admirer la faune et la flore,
avec Catherine Bouchut, accompagnatrice de montagne et guide du patrimoine,
qui nous a permis de découvrir le Cormet de Roselend. Grâce
à son œil expert, nous avons regardé aux jumelles et à
la longue-vue un renard qui chassait, un blaireau qui se promenait, des
chamois et des bouquetins qui profitaient du soleil, sans oublier
les marmottes...
Tout cela dans un paysage magnifique, sur des montagnes où l’eau
est partout présente. L’importante dénivellation et la présence
d’eau n’ont d’ailleurs pas échappé aux gros producteurs d’électricité,
et ce n’est pas moins de cinq barrages que compte le Beaufortain. L’eau
ainsi captée, est amenée dans des canalisations pour alimenter
la vallée en électricité, grâce aux centrales
hydrauliques. La construction du barrage de la Girotte a été,
comme nous l’avons appris au chalet de Colombe, au pied de la Girotte,
une véritable aventure humaine, tant par le nombre d’ouvriers et
d’ingénieurs que par l’implantation du chantier. Ces monuments des
temps modernes s’imposent et impressionnent, Roselend par sa grandeur et
son architecture, la Girotte par son emplacement sur une crête et
son altitude (1750 m.).
Allez ! On parle un peu de ski, parce qu’économiquement et visuellement,
cela se remarque. Arrêtés en haut du Col du Joly, au milieu
des remonte-pentes, nous avons pu observer le Massif du Mont-Blanc, concevoir
les problèmes liés à la fonte importante des glaciers,
nous intéresser aux difficultés que peut entraîner
l’exploitation d’un restaurant (100 couverts en pleine saison) au milieu
des pistes et comprendre les différents antagonismes entre les exploitants
des domaines skiables et les propriétaires des terres (question
de la propriété des sols lorsqu'ils sont enneigés).
Quant aux amoureux du beaufort, qui n’ont pas eu la chance de participer
à la dégustation du « prince des gruyères »
et du petit verre de vin blanc qui va bien avec, ils peuvent visiter le
site très bien documenté http://www.fromage-beaufort.com/;
mais n’oublions pas que le premier fromage fabriqué dans le Beaufortain
était du fromage... de chèvre. Les vaches sont arrivées
plus tard, amenées par des moines implantés en Tarentaise
au Moyen Age. Et il faut dire que le week-end fut aussi gastronomique :
potée savoyarde, diots, fondue, tartes, etc. Et l’on sait maintenant
que Boudin saisi(e), beaufort... c’est aussi joly que bon !!!
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Le village de Boudin
© J. Bret (Topia),
2006
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Beaufort © J. Bret
(Topia), 2006
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Le fromage de Beaufort
© J. Bret (Topia), 2006
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Sur la route du Cormet
de Roselend, au pied du Roc des vents © T. Le Roux (Topia), 2006
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Un peu plus haut ....
© T. Le Roux (Topia), 2006
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Le barrage de Roseland
© J. Bret (Topia), 2006
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