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Topia les ateliers du paysage 
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Paysage du Beaufortin : Vie et paysages de Savoie

Week-end des 3, 4 et 5 juin 2006

    On connaît souvent le Beaufortain pour son fromage et ses stations de ski... C’est avec un regard beaucoup moins réducteur que nous avons pris le temps de mieux découvrir cette région, lors de ce week-end prolongé, qui a réuni 20 participants.
    
     Le Beaufortain se définit d’un point de vue géographique comme le massif du bassin versant du Doron-de-Beaufort et de ses affluents. Il était autrefois accessible par cinq portes : Cormet de Roselend et d’Arêches, Cols de la Forclaz, de la Louze, des Saisies et du Joly.

   Dans le paysage, ce sont les chalets accrochés à de fortes pentes qui attirent l’œil. Leur implantation épouse les formes de la montagne, comme au village de Boudin, où les bâtisses resserrées prennent en compte le proche couloir d’avalanches.

    A Hauteluce, plus précisément au Cruet, nous avons eu le plaisir de visiter le chalet « typique » en bois de Dominique et Guy Crémona. L'étable est au rez-de-chaussée, l'habitation au premier, attenante à la grange. A quelques mètres se trouve toujours le grenier, petit chalet de bois où sont protégées des incendies les précieuses denrées, et transformé aujourd’hui en mini musée d’arts et traditions populaires et... en chambre à coucher.

    Ces chalets indiquent aussi que l’agriculture du Beaufortain a reposé et repose encore sur l’élevage, la fabrication et la vente du fromage, comme c'est  souvent le cas dans des reliefs difficiles. Isolés ou regroupés en petits villages, ils sont généralement des points d’arrêt lors de la « remue », c'est-à-dire la montée des vaches vers les alpages. Les saisons rythment donc la vie des agriculteurs. L’hiver est passé dans la vallée tandis que l’été, les vaches sont emmenées par étapes, vers les alpages les plus hauts, où elles passeront tout l’été. Le beaufort est fabriqué toute l’année. Aujourd’hui la plupart des producteurs descendent leur lait à la coopérative. Nous avons visité celle de Beaufort et nous avons aussi rencontré à Arêches l'un des derniers  producteurs de beaufort indépendant qui, durant l’été, fabrique son fromage dans les alpages.

      Les alpages, même s’ils restent importants et ouvrent le paysage, sont en constante diminution. La randonnée sur le Sentier des Pointières, près de Queige  en est l’illustration : la forêt gagne. La difficulté de travailler certaines pentes donne à la forêt la possibilité de regagner des terres qui ne sont plus exploitées. C’est ce que nous a expliqué M. Molliex, le bénévole responsable de la mise en valeur du sentier. La population du Beaufortain a diminué, alors qu’elle avait atteint son maximum au milieu du 19ème siècle. Ensuite l’émigration s'est accentuée. Temporaire ou définitive, elle se faisait essentiellement vers les grandes villes, Paris et Lyon.

    Découvrir cette région, c’était aussi admirer la faune et la flore, avec Catherine Bouchut, accompagnatrice de montagne et guide du patrimoine, qui nous a permis de découvrir le Cormet de Roselend. Grâce à son œil expert, nous avons regardé aux jumelles et à la longue-vue un renard qui chassait, un blaireau qui se promenait, des chamois et des bouquetins qui profitaient du soleil,  sans oublier les marmottes...

     Tout cela dans un paysage magnifique, sur des montagnes où l’eau est partout présente. L’importante dénivellation et la présence d’eau n’ont d’ailleurs pas échappé aux gros producteurs d’électricité, et ce n’est pas moins de cinq barrages que compte le Beaufortain. L’eau ainsi captée, est amenée dans des canalisations pour alimenter la vallée en électricité, grâce aux centrales hydrauliques. La construction du barrage de la Girotte a été, comme nous l’avons appris au chalet de Colombe, au pied de la Girotte, une véritable aventure humaine, tant par le nombre d’ouvriers et d’ingénieurs que par l’implantation du chantier. Ces monuments des temps modernes s’imposent et impressionnent, Roselend par sa grandeur et son architecture, la Girotte par son emplacement sur une crête et son altitude (1750 m.).

     Allez ! On parle un peu de ski, parce qu’économiquement et visuellement, cela se remarque. Arrêtés en haut du Col du Joly, au milieu des remonte-pentes, nous avons pu observer le Massif du Mont-Blanc, concevoir les problèmes liés à la fonte importante des glaciers, nous intéresser aux difficultés que peut entraîner l’exploitation d’un restaurant (100 couverts en pleine saison) au milieu des pistes et comprendre les différents antagonismes entre les exploitants des domaines skiables et les propriétaires des terres (question de la propriété des sols lorsqu'ils sont enneigés).

     Quant aux amoureux du beaufort, qui n’ont pas eu la chance de participer à la dégustation du « prince des gruyères » et du petit verre de vin blanc qui va bien avec, ils peuvent visiter le site très bien documenté http://www.fromage-beaufort.com/; mais n’oublions pas que le premier fromage fabriqué dans le Beaufortain était du fromage... de chèvre. Les vaches sont arrivées plus tard, amenées par des moines implantés en Tarentaise au Moyen Age. Et il faut dire que le week-end fut aussi gastronomique : potée savoyarde, diots, fondue, tartes, etc. Et l’on sait maintenant que Boudin saisi(e), beaufort... c’est aussi joly que bon !!!
 

Le village de Boudin
© J. Bret (Topia), 2006
Beaufort © J. Bret (Topia), 2006
Le fromage de Beaufort © J. Bret (Topia), 2006
Sur la route du Cormet de Roselend, au pied du Roc des vents © T. Le Roux (Topia), 2006
Un peu plus haut ....  © T. Le Roux (Topia), 2006
Le barrage de Roseland © J. Bret (Topia), 2006
 
 

Hervé Rivière pour Format Paysage n° 21, été 2006

 
 
 
 

 

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