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Topia les ateliers du paysage 
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Paysages de forêt en Bourgogne

Mini-séjour spécial enfants en Bourgogne, du 3 au 7 novembre 2008
 
Le lundi matin, c’est le départ pour trois jours aux confins de la Champagne et de la Bourgogne. Dans la voiture, on entasse vélos, sacs de couchage, victuailles et quelques enfants. L’arrivée est prévue deux heures et demie plus tard à Chessy Les Prés, un gîte perdu en pleine forêt au nord-ouest de Tonnerre. Une grande maison en U encadrant une immense pelouse, une chapelle, le tout noyé dans la forêt. Voilà pour le cadre. Et puis les couleurs de l’automne derrière les fenêtres. Une aile entière accueille la troupe des 19 enfants et 13 adultes. Dès notre arrivée, une activité fébrile règne en cuisine pour nourrir la ribambelle de gamins affamés (à noter une belle tentative de découpage des poulets). Puis répartition des effectifs dans les chambres.

Je me prépare psychologiquement pour l’atelier gâteau au chocolat que j’ai prévu de faire au cours de ce mini-séjour.

L’après-midi, nous nous rendons à Tonnerre pour voir la Fosse Dionne, une source vauclusienne longtemps considérée comme magique. Son nom, "Dionne" viendrait de divona (divine en latin). Il se peut également que ce nom soit rattaché à la nymphe Dioné, océanide de la mythologie grecque antique. À l'époque gallo-romaine, cette source résurgente servait à alimenter en eau des habitants de l'oppidum de Tornodurum, situé sur le plateau qui la surplombe. C’est en 1758 que Louis D’éon la fait aménager en lavoir, avec une toiture semi-circulaire et une double enceinte.

La Fosse Dionne n'a cessé d'intriguer au cours des siècles : quelle est la provenance de ses eaux ? Quelle est la raison de cet exutoire de forme curieuse et enfin, peut-on sérieusement croire en l'existence d'un basilic ? 
« Et puisque nous sommes sur les termes de cette fosse d'Yonne, qui est une grande source admirable pour montrer de l'antiquité et source d'icelle, se trouve aux leçons de matines Saint Jean l'Abbé (…) et ayant disette d'eau, il fût averti qu'au dit lieu il y avait un puits remply, et un serpent Basilicq qui infectait le peuple. Lui même commence d'une besche ou pioche à fouïr la terre au dit endroit d'où sortit la belle et grande source d'eau que l'on y voit, et ce fait conjura et fit mourir le dit serpent basilique, ensorte qu'il rendit ce lieu fréquent et habitable. » (Extrait de l'Histoire de France, de Grégoire de Tours, VIème siècle)

Résultat d'un circuit complexe, la source forme en fait une vasque au fond de laquelle on peut voir le départ d'une galerie haute de 2,5 m. qui s'arrête à 28 m de profondeur sur un étranglement. Après quoi la galerie se poursuit jusqu'à 360 m. de l'entrée et 61 m. de profondeur. C'est l’une des sources de France les plus difficiles à explorer en raison de ses étroitures, des tourbillons d'argile, de la force du courant, de sa profondeur et de la succession de dénivelés qui oblige à effectuer de nombreux paliers de décompression. Plusieurs plongeurs y ont perdu la vie.

Le débit moyen annuel est de 242 litres par seconde, mais la source est capable de crues violentes. L'eau est issue d'un impluvium de 43 km² au sud de la ville, stockée dans les multiples failles du calcaire, ce qui explique son débit continu. Une partie de l'eau provient également de la perte de la Laigne (près de Châtillon-sur-Seine) par un parcours souterrain encore inconnu de plus de 40 km à vol d'oiseau. La Fosse Dionne est ainsi la deuxième percée hydrogéologique de France, après la fontaine de Vaucluse. (Je remercie ici Wikipédia de m’avoir permis de reconstituer à la virgule près les dires de Cédric ! )

Tout en visitant Tonnerre, je repense un peu à mon atelier gâteau au chocolat mais pas longtemps car nous avons rendez-vous au Château de Vaulichères, à Épineuil, pour rencontrer un viticulteur qui doit nous entretenir de ses vignes.

Nous partons donc à 30 et arrivons le même nombre à quelques kilomètres de Tonnerre. Là, se trouve un joli village de quelques maisons vigneronnes accolées à leur petite église, au milieu des vignes. Le vignoble de Tonnerre était, jusqu’à la fin du 19ème siècle, l'un des plus anciens et des plus importants de France, et les vins produits y étaient d'une très grande qualité. Le Clos de Vaulichères, ancienne propriété de la famille Clermont-Tonnerre, était l'un des plus importants domaines de la région ; il avait alors la réputation d'être le meilleur du Tonnerrois. Mais cette fin de siècle vit le phylloxéra décimer toute la viticulture française et notamment le Tonnerrois... 

En 1990, Olivier Refait, enfant de la région, retrouve ses racines, et entreprend de replanter le vignoble sur les coteaux pentus du Domaine. Puis il acquiert 92 ares de vignes plus âgées en appellation Chablis. Aujourd'hui, le Château exploite, entre Pinot Noir et Chardonnay, un domaine de 8 hectares.

Le maître du Domaine nous explique avec passion comment il élève ses vins : vendanges manuelles, cuverie traditionnelle, fermentations à basse température, écoulement des vins par gravité, utilisation partielle de fûts neufs de chêne, diffusion de musique classique pendant la fermentation… Malgré mon écoute particulièrement attentive, je ne peux retransmettre la totalité des explications du maître du Domaine car bientôt, le jardin résonne des cris d’enfants réclamant force pains au chocolat et autres madeleines dans la lumière dorée de cette fin de journée d’automne. Une dégustation des crus Vaulichères achève enfin la visite, pour les adultes qui font semblant de s’y connaître. Les voitures repartent chargées de quelques caisses de vins.

Le soir, de retour au gîte dans la forêt, alors que les grandes personnes s’affairent à la préparation du repas, apparaissent soudain de terribles fantômes  nains et de toutes petites sorcières affligeantes. Le repas d’Halloween fut horriblement délicieux et terriblement sanglant : "doigts de sorciers",  "croissants de presque pleine lune" et autres "cheveux de sorcières" !!!

Le lendemain, départ pour une balade en forêt. Les garçons organisent un concours de celui qui trouvera le truc le plus encombrant à porter (i.e. : une branche morte de 4 mètres de long). Admiration béate, le nez en l’air devant les envolées d’oiseaux migrants. Récolte de diverses feuilles et champignons pas comestibles. Traversée d’un champ malgré les barbelés : les vaches chargent. Même pas peur ! Après le déjeuner, une balade en vélo mené de main de maître par Thomas épuise les plus grands des enfants sur les routes bourguignonnes. Pendant ce temps, au calme, on distribue toiles blanches et peinture aux plus petits, chargés de réaliser des œuvres sur le motif

Après avoir mûrement réfléchi mon projet, je cuisine, enfin, un gâteau au chocolat. Le soir, Jacques s’attache à faire découvrir aux enfants le son de quelques percussions. 

Enfin, le mercredi matin, Annelise et Frédéric proposent aux enfants un atelier poésie : il s’agit de fabriquer un texte en choisissant des bouts de phrases. Les enfants adorent et le résultat est étonnant. Durant ce mini-séjour, il y aura aussi eu un atelier de confection de chocolats et un atelier de création de papier à lettres avec des feuilles ramassées en forêt... Mais on est déjà l’après-midi ; il est temps de ranger, nettoyer... puis c’est le retour sur Cachan. 

Violaine Ballet

 

Une bonne partie du groupe, près de la Fosse Dionne  © C. Crémona, 2008
La Fosse Dionne  © Cédric Crémona, 2008
 
 Les vignes du Clos de Vaulichères © Thomas Le Roux, 2008
 
 Le gîte de Chessy Les Prés © C. Crémona, 2009
 
Tristan et Ulysse © C. Crémona, 2009
 
Guy © C. Crémona, 2009

Violaine Balet pour Format Paysage n° 25, Automne 2009

 
 
 
 

 

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