Topia
les ateliers du paysage
Savoir regarder pour se représenter
les paysages
Quand Michel Bouillot
nous parle de l'habitat rural ...
Des monts du Beaujolais à ceux du Morvan, du vignoble Mâconnais
au bocage Charollais, de la Bresse au Brionnais, pas un village, pas un
hameau, pas une ferme, pas une grange, pas même une cadole ou une
remise, qu’il n’ait longuement observé, décrit ou dessiné.
Au point qu’en Bourgogne du sud, Michel Bouillot est devenu incontournable
dès qu’il est question de patrimoine rural.
Malgré son âge il n’est pas ménagé. Et l’on
continue de le solliciter encore beaucoup : une conférence sur le
pisé par ci, un petit mot pour la restauration d’un vieux lavoir
par là... S’il peut évoquer à lui seul une quasi institution,
son nom pourrait être aussi celui d’une encyclopédie tant
la somme de son travail est importante. Entre autres engagements il a été
pendant plusieurs dizaines d’années le délégué
départemental de l’association Maisons Paysannes de France en Saône-et-Loire.
Dans la région, chacun dispose chez lui d’au moins l’un de ses ouvrages
décrivant le pays alentours. Des livres que l’on peut, comme les
paysages qui les ont inspirés, contempler autant que lire. Il faut
préciser qu’il en a publié plus d’une quinzaine et qu’il
en reste encore quelques uns qui seraient sur le point de paraître.
Et si ce n’est pas un livre, c’est une gravure, un dessin au trait simple
et précis. Car le dessin est pour lui avant tout réflexion
: sur la lente évolution de nos modes de vie. Une esquisse est pour
lui un récit. A croire qu’il ne voit pas les mêmes choses
que nous : chaque façade devient une histoire, qu’il semble lire
à livre ouvert. Il a enseigné à des centaines d’élèves
de cours primaire et de collège, la technique du dessin «
sur le motif » et à l’encre. Il a également animé
des classes de patrimoine. |
|
Une maison typique du
Maconnais : pièce unique donnant sur une galerie, entre cave et
grenier, dessin à l'encre de M. Bouillot (2003)
|
|
Certains d’entre nous ont encore découvert le personnage directement
sur le terrain à l’occasion d’une de ces fameuses visites commentées
de village et a pu l’entendre raconter, dans une langue riche et précise,
avec cet accent qui s’accorde si bien aux moellons de calcaire clair des
bâtisses, les usages de l’eau de chaque fontaine.
Mais Michel Bouillot n’est pas seulement poète. Son travail est
celui de l’historien. Il a côtoyé Duby, autre natif du mâconnais
et dépoussiéré avec lui quelques cartons d’archives…
Et c’est avec finesse qu’il établit l’origine du caractère
méridional de ces architectures à colonnes qui ont inspiré
tant de galeries mâconnaises. Architectures qui ont non seulement
ce petit air toscan mais ont directement été implantées
dans la région, tout comme dans le Beaujolais voisin ou dans les
Monts du Lyonnais, par les riches familles de banquiers Lombards venues
s’y installer… |
|
Une petite forge dans
la même région, dessin à l'encre de M. Bouillot (2003)
|
|
Michel Bouillot vous parlera des murs de pierres sèches, mais
il vous refera l’historique complet des systèmes de clôtures
depuis le XVIIème siècle. Il ne pourra vous parler de ces
vieux peupliers d’Italie sans vous évoquer leur lien avec la conception
romantique du paysage qui fit écho aux œuvres de Lamartine…
Enfin, il ne pourra, à lui tout seul, éviter la lente rurbanisation
de ses campagnes ensoleillées, ni contenir l’empressement qui nous
fait le plus souvent préférer les pelles mécaniques
aux brosses des archéologues. Mais il a donné à beaucoup
le goût du bâti ancien et contribué à la prise
de conscience de sa qualité dans la région. Témoin
de nombreux « bouleversements » d’un paysage qu’il a toujours
observé avec beaucoup d’attention depuis sa première pierre
blanche ramassée, enfant, en bord de Saône jusqu’à
maintenant, son propos n’en reste pas moins teinté d’optimisme :
il y a seulement quelques années, on ne montrait pas tant d’intérêt
à notre patrimoine
|