Topia
les ateliers du paysage
une association pour favoriser l'expression
de chacun
Le Massif du Mirantin
(73)
Notre paysage
quotidien, lorsque nous sommes en vacances «au chalet»,
c’est le Mirantin, un petit massif de 2400 mètres qu’encadre la
fenêtre de la cuisine. Bien sûr, d’autres panoramas nous entourent
: à l’ouest, le domaine des Saisies avec la Légette dont
on aperçoit les remonte pentes, au nord le Mont Clocher (1.976 m.),
à l’est l’aiguille Croche (2.487 m.) et le col du Joly ouvrant par
beau temps des perspectives sur le massif du Mont Blanc, et plein sud la
montagne d’Outray qui nous domine de ses 2.346 mètres.
Quand
nous avons cherché à nous « implanter »
dans la vallée d’Hauteluce, le panorama sur le massif du Mont Blanc
était pour nous un critère important : bien sûr pour
la beauté du massif, cette imposante masse blanche qui se détache
au milieu des verts pâturages du Beaufortain, mais aussi parce que,
pour nous, le massif du Mont Blanc avait toujours été
le cadre de nos vacances montagnardes : Praz-sur-Arly, Col de Voza, les
Houches, Chamonix.
Quand
adolescente, on découvre «la Montagne» par les
romans de Frison Roche, c’est un vrai bonheur de pouvoir admirer les aiguilles
de Chamonix, le dôme du Goûter ou l’aiguille Verte sur fond
de ciel bleu et de sentir, physiquement, la grandeur de ces sommets qui
semblent inaccessibles ! Aussi, pour ne pas trop nous éloigner de
ce massif mythique, pendant 23 années, nous sommes venus chaque
hiver aux Contamines, cadre de toutes les prouesses en ski de la famille,
à commencer par Jacques, (l’arrière-arrière grand-père
d’Émile, Antoine et Louise, mes petits-enfants) qui nous a tous
mis sur les planches. De bons souvenirs sur les pistes de ski du Val Montjoie,
nous en avons partagés avec cousins, copains, grands-parents, amis
contaminards…
Alors, à notre arrivée
dans ce chalet, nos regards se tournaient toujours vers le col du Joly,
et ce qui le domine avec majesté : l’aiguille de Bionnassay, les
dômes de Miage et le Mont Blanc.… Et puis nous nous sommes installés
« au L’alet », comme dit Émile, et là tout a
poussé notre regard de l’autre côté, vers le Mirantin…
|
|
Le Massif du Mirantin
© Guy Crémona (Topia),
2004
|
|
D’abord, l’orientation des deux
pièces habitables, mais aussi les voies de communication menant
d’Albertville à Hauteluce, qui contournent par la vallée
du Doron, le Mirantin : ce massif est un peu le coeur du Beaufortain. Epargné
d’installations de ski, inhabité, et très boisé surtout
sur la face nord , il garde son mystère.
De la
fenêtre de la cuisine, son esthétique est parfaite : une vallée
(celle du Dorinet, torrent qui coule au bas du terrain) boisée,
sur la gauche à mi-pente le clocher à bulbe de l’église
d’Hauteluce, et exactement à l’aplomb du creux de la vallée,
le sommet du Mirantin : sur un tableau, on trouverait presque que ce paysage
est trop régulier, trop symétrique ... Mais ce serait
négliger l’importance du ciel qui fait changer « l’atmosphère
» de ce massif et vagabonder l’imagination .
Au lever
du soleil, en été, c’est comme si se déposaient, une
par une, sur chaque pointe du massif des touches roses. Puis la montagne
s’éclaire, permettant de distinguer nettement petits vallons, pâturages,
cirque glaciaire, petits névés, limites de la forêt
: le massif prend une profondeur, une épaisseur laissant supposer
une nature très sauvage. Aux autres heures de la journée,
en fonction des nuages qui l’entourent, il disparaît complètement,
ou bien laisse couler sur ses flancs des rouleaux nuageux venus du sud-ouest,
parfois annonciateurs d’orages imminents ; il s’entoure d’un gris profond
très impressionnant, ou bien se donne des allures d’Etna avec ses
sommets nimbés de nuages blancs…
En milieu
de journée, la profondeur du massif disparaît et la masse
vert sombre de la forêt domine le paysage, donnant une impression
de forêt vierge, comme sur certaines photos d’îles tropicales...
Et puis, à l’heure de l’apéritif, quand nous sommes sur la
petite terrasse devant la cuisine, les sommets s’embrasent d’un rose
incandescent et la face ouest du Mirantin reste la dernière allumée,
avec un halo lumineux sur la vallée du Doron, comme une invitation
à partir dans cette direction vers Albertville, la Combe de Savoie...
vers d’autres massifs que nous ne connaissons pas : les Bauges, la vallée
de la Tarentaise et plus au sud encore la Chartreuse...
Notre regard
sur le Mirantin, l’attention que nous lui portons au fil des saisons, qu’il
soit tout blanc, tout vert comme en été, constellé
de névés, ou simplement tout poudré de blanc, c’est
un peu une nouvelle relation avec les paysages qui nous entourent, avec
cette région, avec « la Montagne » que nous apprenons
à connaître et à aimer autrement.
Retour
à la rubrique "Mon paysage quotidien"
|